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d’egmont.

Au reste, la comtesse fut bientôt remise de son effroi : son front se détendit, la couleur revint à sa joue, le mouvement à son sein, le sourire à ses lèvres ; elle présenta ses deux mains à son père, et son père se figura qu’elle venait de se réveiller.

Quand M. le maréchal de Richelieu eut bien regardé sa fille, quand il l’eut regardée avec autant d’amour qu’il en pouvait trouver dans son cœur, lui, le courtisan et le favori des deux rois de France les plus difficiles à flatter, quand il fut tout à fait revenu de sa première surprise, et qu’il eut retrouvé sa fille tout entière, prévenante, docile, soumise, pleine de déférence et de respect :

— Vous êtes bien surprise, lui dit-il, du sujet de ma visite ? et je vous jure, mon enfant, que si c’était tout autre que vous, si vous n’aviez pas du bon sang de Lorraine et de Richelieu dans les veines, j’aurais hésité à vous faire la demande que je vais vous faire.

Ainsi parlait le maréchal ; en même temps