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d’apulée.

marier à un manant nommé Clusus, parce qu’un jour elle avait vu Apulée parlant en public dans la ville d’Œea ; et, ce jour-là, il avait été si éloquent et si beau, il avait été si applaudi et avec tant de transports, que cette femme l’avait aimé. Et voilà toute sa magie. Ainsi parle-t-il ; et vous, au récit d’une pareille fortune et d’une accusation pareille, vous restez étonné et confondu.

C’est qu’en effet, quand on a lu le livre qu’Apulée appelle ses Métamorphoses, on comprend très-bien, je le dis à la gloire de l’auteur, cette accusation de magie : ce livre respire je ne sais quelle odeur enivrante de féerie et d’amour qui vous porte tout de suite à la tête et au cœur. Même les premiers livres des Confessions de Jean-Jacques Rousseau ne sont pas empreints de cette odeur de femmes que sent don Juan de si loin. L’Africain Lucius, encore plus animé que le jeune Giton de Pétrone, quitte le mont Hymette et le promontoire de Ténare, berceau de ses ancêtres, pour