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la princesse

une fermeté sans égale ; sous ses doigts l’argile obéissante prenait toutes les formes. Elle avait poussé très-loin la science des détails, et elle savait à merveille comment s’habillent la reine et son page, comment s’arment le chevalier et l’écuyer. À son gré la terre, ainsi pétrie, devenait armure ou velours, épée ou dentelle. La première tentative qu’elle fit en ce genre, ce fut la statuette de Jeanne d’Arc à cheval. Le cheval est un très-beau cheval normand, calme et vigoureusement posé ; la jeune guerrière, armée de toutes pièces, tient de sa petite main la terrible épée dont elle vient de se servir pour la première fois. Il y a ici une idée ravissante, qui ne serait venue à aucun sculpteur de notre temps ; elle ne pouvait venir qu’à un jeune cœur tout rempli des plus doux sentiments : donc, lorsque Jeanne d’Arc, penchée sur sa selle, a tranché la tête du premier Anglais qui se présente, tout à coup la guerrière disparaît, la jeune bergère se montre sous la cuirasse ;