Page:Janin - Les catacombes, tome 4.djvu/154

Cette page a été validée par deux contributeurs.
149
de martial.

à ces joutes de l’esprit où le hasard, cette dixième muse, remplace les neuf sœurs ; futiles et scintillantes lueurs dont les hommes graves s’amusent comme les enfants s’amusent de leurs hochets. Ce soir-là j’étais encore plus disposé à bien faire qu’à l’ordinaire : j’étais si pauvre ! ma maison tombait en ruine, ma toge était usée, mon foyer était sans feu, ma lampe sans huile, et l’huissier me menaçait pour le surlendemain. Je me dis donc à moi-même. — C’est à présent qu’il te faut être gai, enjoué, railleur, bon plaisant, mon pauvre Martial ! — En effet notre homme, me prenant par la main et me présentant à cette belle compagnie : — Voilà, dit-il, notre Martial ! Proposez lui les difficultés les plus difficiles : son vers et son esprit vous attendent de pied ferme ! — On commença donc ce supplice cruel qui consiste à tirailler la poésie d’un honnête homme dans tous les sens, comme on fait d’une aune de laine pour voir si le tissu est solide et si l’étoffe ne se déchire pas.