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les mémoires

rafraîchir que celui de ta robe, tu cours de palais en palais jusqu’au sommet de la montagne où Diane a son temple ; pendant que tu vas et viens, sans prendre haleine, du grand au petit Célius, moi enfin, après tant d’années, j’ai revu ma patrie ; Bilbilis m’a reçu et m’a fait campagnard, Bilbilis, orgueilleuse de son or et de son fer. Ici je cultive sans trop de peine le Botrode et Platée, noms barbares donnés aux champs celtibériens ; je dors d’un admirable sommeil, qui souvent se prolonge au-delà de la troisième heure, et je compense avec usure les veilles de trente années. La toge est inconnue ici, mais chaque matin un esclave attentif m’apporte l’habit préparé la veille. À peine levé, je trouve un bon feu qui me salue de sa flamme brillante, heureux foyer que ma fermière entoure d’un rempart odorant de marmites bien garnies. De jeunes serviteurs s’empressent autour de moi tout le jour. Le métayer, imberbe encore, me prie de faire abattre sa longue chevelure. À midi je