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de martial.

applaudi de tous les beaux esprits, être recherché des femmes, entendre ses vers à peine éclos passer de bouche en bouche, vivre familièrement avec les plus grands, avec les plus puissants, avec les plus riches, n’avoir sous les yeux, dans des palais de marbre, que vases d’or, riches statues, tableaux des grands maîtres, ivoires, airains, marbres précieux, robes de pourpre, esclaves empressés ; et cependant avoir faim, avoir froid, être à peu près nu sous un manteau troué, se sentir la proie, le jouet, la pâture de la pauvreté, et sous ces haillons sourire encore, flatter encore, ou bien aiguiser la joyeuse épigramme qui doit faire rire une cour avare !… Tel était l’heureux destin de votre pauvre Martial.

Nous avons donc beaucoup loué Domitien, non pas moi, mais ma pauvreté. Domitien a payé mes louanges en tyran avare qui comprend très-bien que ce ne sont pas les poëtes qu’il lui faudrait acheter, mais les historiens, et que les historiens ne se vendent pas. Mes