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HOLBEIN.

ne s’effraient pas de peu. Érasme, ce petit être que vous voyez se glisser si haut avec tant d’esprit et une patience si courageuse, est peut-être la volonté la plus ferme du seizième siècle ; bien entendu que nous ne parlons pas de Luther. Érasme a fait tout ce qu’il a voulu : il a été l’ami des puissances les plus opposées, il a conservé sa neutralité au milieu de tant d’opinions, de guerres et de conflits de tout genre qui ont remué l’humanité dans sa base ; il a été tout ce que pouvait être un homme dans ce temps-là sans être esclave ; il a été moine, artiste et grand seigneur ; il a été tout cela en même temps, tout cela si bien mêlé, si bien lié, formant si bien un seul et même tout, qu’il eût été impossible de définir Érasme. Voilà l’homme qui le premier devina le génie d’Holbein, voilà l’homme qui eut pitié de lui le premier, voilà l’homme qui l’arracha malgré lui-même à sa femme, à l’obscurité et à la misère, pour l’envoyer être tout-puissant et très-heureux à la cour du souverain le