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DE SADE.

son costume noir de la messe des morts ; et voici comme il parla :

« Mes frères, dit-il, vous savez le malheur qui est arrivé au pauvre Julien, que vous aimiez tant ; Dieu lui a retiré la raison. Il est encore de ce monde, mais il est mort à la prière, il est mort à l’amour pour ses semblables, il est mort à toutes les douces émotions de la vie. Quelques-uns de vous, voyant sa bouche pleine d’écume, ont dit qu’il était possédé du démon. Ô mon Dieu ! Priez Dieu, mes frères : c’est un mauvais livre qui a perdu Julien ; ce livre qu’il a lu l’a brûlé jusqu’aux entrailles. Mais ce que vous ne savez pas, ce qu’il faut que je dise à vous, mes enfants, qui respectez les cheveux blancs de votre curé, ce que je confesse devant vous, ô mon Dieu, afin que vous jugiez si mon humiliation est aussi grande que ma douleur, c’est que ce livre infâme qui brûle tout ce qu’il touche, qui flétrit tout ce qui l’approche, qui change en pierre tous les cœurs, ce livre qui obsède