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DE SADE.

sations les plus solides. Figurez-vous ce malheureux adolescent qui pâlit, qui tremble, qui tient d’une main égarée ce long pamphlet contre l’espèce humaine. Que faisait-il, le pauvre Julien, seul à seul avec le marquis de Sade, tête à tête avec ce tigre qui hurle, ce tigre en fureur, cette hyène dégoûtante de sang, cet anthropophage tout souillé de vices ? Quelles scènes terribles ! Comme ce pauvre cœur se soulevait dans cette petite poitrine ! comme ces cheveux blonds tout bouclés se dressaient d’effroi, et retombaient tremblants et tout raides sur ce front pâle et jauni ! comme tout entier le pauvre petit Julien succombe sous le souffle empoisonné du marquis de Sade ! comme il retirait, en ployant en deux, son corps si frêle, pour n’être pas touché par cette lueur pestilentielle ! Quels frissons ! quel effroi ! Hélas ! une nuit de cette lecture l’avait vieilli de vingt ans. Je le vois encore arriver au second repas du matin. — Est-ce toi, Julien ? Lui, le joyeux Julien d’autrefois, il avait