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XV
À THÉODOSE BURETTE.

sions de l’âme, des brillantes exigences de l’esprit, des beaux-arts qui charment la vie, des tendres passions du cœur. J’ai eu beau faire, j’ai eu beau voir de près comment s’opère une révolution, comment s’élève un peuple, comment tombe une monarchie, comment le vaisseau dont parle Bossuet et qui traverse cette mer étonnée de se voir traverser dans des appareils si divers est incessamment à l’ancre dans la rade de Cherbourg, à la disposition des rois qui s’en vont, je n’ai jamais pu trouver un bien grand intérêt à ce drame brutal de la force et du désordre. À quoi nous mènent ces changements, je te prie, sinon à troubler l’intelligence du spectateur qui, ballotté dans tous les sens, ne sait plus de quel côté se tourner pour découvrir le bon droit ? Que de grands bruits et pour quels résultats ? Par ma foi, et tant pis si je blasphème ! je donnerais toutes les déclamations furibondes et toutes les utopies hypocrites et tout ce fatras mal défini qu’on appelle les doctrines de 89 pour une scène d’Athalie, pour les premiers livres des Confessions, pour moins que cela, pour Candide ! À entendre dans quel affreux patois se débattent les affaires du pays, à voir dans quel horrible style elles s’écrivent, à prêter l’oreille à l’éloquence courante de nos grands orateurs modernes, je me serais bien contenté, je te le jure, d’un tyran comme Louis XIV, entouré qu’il était, ce tyran, des plus excellents chefs-d’œuvre qui aient