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LE MARQUIS

tout autre lieu. Vous verrez quelles nombreuses races d’honnêtes gens précèdent ce monstre, et combien il fait tache dans cette noble famille. Comment il se fait que celui-là soit arrivé ainsi animé pour succéder à tant de vertus, il n’y a que Dieu qui le sache. Toujours est-il qu’on ne pouvait pas descendre d’une source plus limpide. Qui le croirait ? le marquis de Sade est un enfant de la fontaine de Vaucluse ! son arbre généalogique a été planté dans cette chaste patrie du sonnet amoureux et de l’élégie italienne par les mains de Laure et de Pétrarque. L’arbre a grandi sous le souffle tiède et embaumé de ces deux amants, modèles de toutes les vertus. François Pétrarque, ce gibelin tout blond et tout rose que la guerre civile chassa de Florence, s’en vint à Vaucluse pour y lire, loin du bruit des discordes, Cicéron et Virgile, ses deux passions romaines. La langue italienne n’était pas faite encore ; Dante, ce gibelin tout brun et tout âpre, n’avait pas encore