Page:Janin - Critique dramatique (1877) - Tome 2.djvu/310

Cette page n’a pas encore été corrigée

nos jours, les Mémoires de Lacenaire, encore tout chaud de la place de Grève, et cette tête coupée a servi de prospectus ! C’était aller plus loin que nos pères ; ils faisaient représenter un drame de Cartouche, le jour même de l’exécution de Cartouche, ils n’imprimaient pas en un volume in-8° les billets doux de Cartouche ! Un fait assez curieux à propos de Lacenaire, c’est qu’un autre homme de sa trempe, un littérateur de sa force, un espion (il vendait ses camarades à la police et mangeait leur pain !), avait volé, oui, volé à Lacenaire une de ses chansons, et Lacenaire, allant au supplice, réclamait encore sa chanson ! Le public hésitait à savoir qui des deux était le plagiaire. On a fini par convenir que la réclamation de Lacenaire était juste, et que l΄autre, le mouchard, devait avoir volé la chanson.

Des chansons de Lacenaire, en voici une ; elle fut composée en l’honneur des forçats qui partaient pour le bagne de Toulon. Ces messieurs avaient demandé leur Chant du Départ à l’orateur Lacenaire, et il leur avait composé cette Marseillaise à leur usage :

Allons, enfants, levons la tête
Et portent nos fers sans trembler,
Pour nous voir la foule s’apprête ;
Parmi nous que vient-elle chercher ? (bis)