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de ces illustres morts, la langue hardie, éclatante des vastes pensées. Ainsi, le collège est une double arène : ici le sable, le soleil et la route ardue, et plus bas, dans les bourbes, le sentier à travers les mousses et les fanges.

Ici le jeune homme, arrêté en ses contemplations, cherche à trouver l’entrée éclatante des poèmes d’Homère, et là-bas monsieur l’oisif, qui lit à la dérobée un livre volé à quelque infâme cabinet de lecture, un de ces tomes à vil prix qui contiennent les plus misérables ramassis de là littérature d’estaminet ! En ce moment déjà commence la justice divine ; elle fait à chacun sa part dans cette enfance bénie et dans cette enfance souillée. A ceux-ci l’idylle et sa grâce attique, à ceux-là les plaisirs de la fange ; aux uns la forme ingénue et savante des maîtres du grand siècle, aux autres le papotage idiot des rimailleurs obscènes ; ici Bossuet domine, et là-bas quelque ignoble conteur de ruelle ou quelque joueur des gobelets littéraires.

Le collège est semblable à ce tableau de Jean Steen, de la galerie du prince Demidoff à Florence : au sommet de là table d’honneur, le Christ change en vin cette eau fraîche et limpide comme le cristal ; à l’accomplissement du miracle, il arrive que les conviés à cette noce acceptent, il est