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pour les carmélites ; la pénitence si soutenue tous les jours de sa vie, fort au-dessus des austérités de sa règle ; cette suite exacte des emplois de la maison ; ce souvenir si continuel de son péché ; cet éloignement constant de tout commerce et de se mêler de quoi que ce fût, ce sont des choses qui, pour la plupart, ne sont pas de mon temps ou qui sont peu de mon sujet, non plus que la foi, la force et l’humilité qu’elle fit paraître à la mort du comte de Vermandois, son fils. Mme la princesse de Conti (sa fille) lui rendit toujours de grands devoirs et de grands soins, qu’elle éloignait et qu’elle abrégeait autant que possible. Sa délicatesse naturelle avait infiniment souffert de la sincère âpreté de sa pénitence de corps et d’esprit, et d’un cœur fort sensible dont elle cachait ce qu’elle éprouvait. Mais on découvrit qu’elle l’avait portée jusqu’à s’être entièrement abstenue de boire pendant toute une année, dont elle tomba malade à la dernière extrémité. Ses infirmités s’augmentèrent ; elle mourut enfin dans des douleurs affreuses, avec toutes les marques d’une grande sainteté, au milieu des religieuses dont sa douceur et ses vertus l’avaient rendue les délices, et dont elle se croyait et se disait sans cesse être la dernière, indigne de vivre parmi des vierges. »

L’héritière de cette innocente beauté, celle à qui Mme de Maintenon devait succéder dans les déférences et dans les respects du roi son époux, appartient encore à M. le duc de Saint-Simon, et ce n’est pas nous qui voudrions la lui disputer :

« Mme de Montespan mourut brusquement, aux eaux de Bourbon, à soixante-six ans, le vendredi 27 mai (1707), à trois heures du matin… À la fin, Dieu la toucha. Son péché n’avait jamais été accompagné de l’oubli ; rien ne lui aurait fait rompre aucun jeûne ni un jour maigre.