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Comme ils gravissaient la dernière montagne et qu’ils approchaient de l’humble maison où leur destinée allait s’accomplir, soudain un grand corbeau, les ailes étendues, et partageant la joie universelle, entoura de trois grands cercles le char rustique.

— Il m’a semblé, disait Martin, reconnaître un ancien ami, don Corbeau ? Le voilà bien content d’échapper à l’amitié de MM. du 3e lanciers...

En effet, c’était don Corbeau. Il chantait d’une voix rauque, à la nature entière, un cantique d’actions de grâces.

— Il est parti à notre droite, et c’est d’un bon présage, disait le colonel à sa jeune femme.

Ils arrivèrent enfin dans cet enclos voisin de la ferme.

— On y peut nourrir deux vaches et un petit cheval, disait Mariette.

A peine entrés chez eux, l’orage, qui s’était un peu calmé, recommença de plus belle, et les torrents desséchés se montrèrent plus limpides que jamais. Debout à sa fenêtre, et tout pénétré de bonheur, Martin contemplait ces glorieuses tempêtes, et s’abandonnait doublement au bonheur de la sécurité présente, à tous les bonheurs de l’avenir.