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attirées là peut-être par des tourterelles ou par les coiffes des Filles de la Charité.


III


Déjà Pierre commençait de descendre au jardin et à la chapelle. Il avait quitté la chambre des opérations pour la salle commune. Au-dessus de chaque lit un cadre était fixé. Ainsi sur la croix du Rédempteur fut cloué ce tableau accusateur en trois langues : en latin, en grec et en hébreu. Et l’inscription semblait, au chevet de pierre, de l’hébreu. C’étaient les lignes sinueuses qu’avaient tracées les phases de la fièvre. Celle-ci avait peu duré, la température n’était plus relevée chaque soir. Ces hiéroglyphes montants et descendants avaient aussi l’aspect d’une chaîne de montagnes et n’était-ce point le graphique du calvaire où ce garçon avait monté ?

Dès cinq heures du matin, l’une des religieuses ouvrait les volets et Pierre voyait contre le mur, en face, le Christ. Et il se disait : Hélas ! je n’ai plus de bras droit