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FRANÇOISE

J’en suis sûre. Je te connais mieux que tu ne te connais toi-même… Et cependant il y a une ombre que tu projettes entre toi et moi, Pierre, une ombre qui t’empêche de m’aimer de la manière dont je t’aime.

PIERRE

Tu n’as pas d’ombre, toi ?

FRANÇOISE

Hélas ! Si… J’ai des ombres, mais je les noie dans la lumière de ton amour.

PIERRE

Et mon ombre, à moi, que crois-tu qu’elle est ?

FRANÇOISE

L’ombre que tu recherchais ce matin dans la chapelle des Capucinos. Mais celle-là, vois-tu, on ne la noie pas. Car elle est l’ombre de la lumière même.

PIERRE

Je suppose que tu n’en es point jalouse.