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ne sais quel jardin du passé ! Qu’ils sont drôles, ces oiseaux bleus à longues pattes, couronnés d’une aigrette !… On dirait qu’ils parcourent, sur la faïence, une pelouse où souffle un zéphire si doux que leurs plumes en sont lissées.

— Il y a bien longtemps, monsieur des Arbailles, remarque Mme d’Atchuria, que Pomme d’Anis n’a communiqué à Luce quelqu’une de vos charmantes fables…

Car l’oncle Tom, on le sait, est poète à ses heures. Il compose des fables sur ce qui a trait à la nature, les animaux, les fleurs, les pierres. Il s’arrête, pour les écrire, dans quelque forêt. Il aime la solitude, les endroits désolés où il n’entend que l’égouttement de la source, le bruit intermittent du ruisseau qu’elle forme sous les prêles. Mais l’oncle Tom est assez avare de ces fables, bien qu’il ait publié quelques-unes d’entre elles dont le succès a été grand. Pomme d’Anis raffole de ces poésies qu’elle trouve parfois enfouies au fond de la boîte verte de son oncle, sous les fougères et les mousses. Elle ne sait rien de