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vers elle, ainsi qu’un serpent, quelque fougère sombre. Il y a une table et un microscope dessus, dans lequel parfois elle a regardé. Les grains de pollen sont comme des mondes qui s’ouvrent dans le chaos d’une goutte d’eau… Certains poils font comme une forêt de champignons sur un désert… Il y a des tissus comme des gâteaux d’abeille, délicats avec complication, gemmés de cristaux d’où semble fuser une lumière de grotte, des tissus pourpres, noirs, violets, roses, bleus, des tissus dont on eût filé la robe de Cendrillon. Ah ! Comment Pomme d’Anis ne posséderait-elle pas cette finesse d’âme, après avoir considéré toutes ces finesses des fleurs ?… Voici l’étagère des plantes dormeuses qu’étudie plus particulièrement l’oncle Tom ; ce sont les mimosas que l’on place entre les seins des jeunes filles et qui, peut-être à cause de cela, sont obligés de s’assoupir ; ce sont les oxalis, dont chaque feuille a trois cœurs… et ces cœurs, au crépuscule, se rapprochent pour ne pas avoir froid. À quoi peuvent rêver ces herbes ? L’oncle lui a dit que Van Tieghem, un grand botaniste qu’il cite souvent, croit