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lorsque l’âme des lys éparse dans les jardins les invite à visiter les nids de mousse.

Oh ! Les cris des oiseaux et des jeunes filles, et leurs coups d’ailes et de robes au-dessus de l’ombre des buis, quand on croit voir déjà les fleurs qui vont venir sur les feuilles gonflées de sève et que déjà, sur les gazons de la forêt, la nacre des anémones tremble !

Le laboratoire, ou, mieux, la serre… ou, encore, la case de l’oncle Tom — comme l’appelle sa sœur Virginia — est situé dans un calme coin du parc. Là, nul bruit que parfois le martèlement du grimpereau, l’accord sourd de l’écureuil, un gland qui tombe. Dans la tiédeur de ce refuge, que Pomme d’Anis comparaît lorsqu’elle était petite, à un diamant des Mille et une nuits, plane le mystère des plantes. C’est un recueillement. Et il arrive encore aujourd’hui à Pomme d’Anis, aussi bien que lorsqu’elle était enfant, d’étouffer son pas, de retenir sa respiration, quand elle entre dans cette serre en l’absence de l’oncle… comme si elle craignait de voir tout à coup se dérouler