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RÉFLEXION SUR LA MATIÈRE


À Georges Dumesnil.


Au moment que Dieu la créa, la matière n’était si belle que pour servir de support à la vie sans péché. Dès que celui-ci se fut introduit dans l’âme, la chair en pâtit jusqu’à la maladie et la mort, et cette déchéance retentit au delà de l’homme, dans les animaux, les végétaux et les minéraux.

La Terre, comme un fruit énorme et parfait, ne connaissait, au moment que le Seigneur se reposa, ni le ver ni un autre détriment à sa beauté depuis inconnaissable.

Cette splendeur passée de la matière nous la retrouvons dans une bien infime mesure, il