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FEUILLES DANS LE VENT

votre palette. Il n’y en aura pas assez encore. Ô vous ! qui avez peint Albert Samain à son lit de mort, venez jeter un voile sur la face d’une poétesse que l’on n’a pas plus épargnée que ses sœurs et que ses frères.

La Savante ! En ce jour où l’on veut vous tant célébrer, où un prince de l’Église lui-même et votre humble curé d’Andillac donnent leur adhésion à votre génie fait de foi — honneur qui doit vous toucher entre tous les honneurs ! — je veux me souvenir de cette ironique appellation qui vous était décochée par des barbares ; je veux la remémorer, non pour leur en vouloir, mais pour glorifier tous ceux dont le cœur trop harmonieux fut ainsi bafoué. Il ne faut pas qu’à la date de votre anniversaire, ni qu’au mois de juillet, lorsqu’on posera sur votre front ces lauriers qui vous frôlaient déjà, lorsque vous longiez les allées de votre jardin, il ne faut pas que le public soit dupe. C’est dans cette morne et souriante attitude qu’à la fin je désire qu’il vous voie. Nous