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Ainsi vont les doux villages éparpillés
sur les coteaux, aux flancs des coteaux, à leurs pieds,
dans les plaines, dans les vallées, le long des gaves,
près des routes, près des villes et des montagnes ;

avec les clochers minces au-dessus des toits,
avec, sur les chemins qui se croisent, des croix,
avec des troupeaux longs qui ont des cloches rauques
et le berger fatigué traînant ses sabots ;

avec des roues de moulin noires battant l’eau claire
et faisant au soleil de la poudrure en verre,
avec le bois à l’odeur aigre et forte, avec
des piverts qui cognent les arbres de leur bec ;

avec les vignes aux soleil et les ajoncs,
les villages s’étendent ainsi parmi les plaines :
il y en a encore et encore et les graines
sortent, les clochers sont pleins d’oiseaux et les sillons ;

avec la caille qui court inquiètement,
avec le lièvre blessé qui crie plein de sang noir,
avec les ruisseaux en cuivre, quand c’est le soir
qui ont l’air de se cailler très lentement ;