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TROISIÈME PARTIE

Maintenant c’est le recueillement avant l’orage. Il est six heures da soir. Dans le triste jardin le vieux chien, à sa place habituelle, étend son corps paralytique.

Il essaye de se défendre d’une abeille.

La cloche des morts sonne.

La vie est comme la vie. Une hirondelle rase la terre, monte haut, crie, semble se laisser tomber. Une tristesse infinie entoure les rigides roses-trémières.

Un vieux pauvre arrive sur la route. Il se traîne péniblement jusqu’à la porte de la maison où vient d’expirer le poète. Il frappe. Il espère qu’on lui répondra. Sa pauvre voix honteuse et craintive trouble seule le petit jardin. Elle est semblable au murmure d’une guêpe. Elle dit :


Monsieur, madame, faites la charité — que Dieu vous bénisse.


Juillet 1897.