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Il est pareil à l’eau qui est claire et qui est grave.
Il est pareil à la pierre qu’un gave lave.
Il est pareil au verger doux rempli de pommes.
Il est pareil à toi. Il est pareil à l’homme.

LE POÈTE

Je t’aime. Tu ris. Pourquoi es-tu gaie toujours ?

L’ÂME DU POÈTE

Elle n’est pas gaie. Elle est égale et pareille à l’eau dormante.
Elle est pareille au vent qui fait rire cette eau.
Elle est pareille aux centaurées roses des prairies.
Elle est pareille au bruissaillement doux des pluies.
Elle est pareille aux agneaux blancs qui bondissent.
Elle est pareille au grillon qui dans l’herbe glisse.
Elle est pareille à la chanson des choses au soleil.
Elle est pareille au lys. Elle est pareille au miel.
Elle est pareille à l’air. Elle est pareille à l’âme.
Elle est pareille à toi, pareille à une femme.

LE POÈTE

Ceci est doux, bon, calme, endormi et pur.

L’ÂME DU POÈTE

Souviens-toi, quand enfant, au pied du vieux et doux mur
d’un cimetière, tu t’agenouillais, au Jubilé, avec ta mère.