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On entend s’élever la prière d’une grand’mère paralytique. Elle plane dans le ciel, ineffable. À cette prière répondent


DEUX ANGES

Nous aimons les grand’mères paralytiques
dont la souffrance douce a fait mourir les pieds,
et dont la consolation est la justice.

Nous aimons sur nos fronts les roses en papier
des églises pauvres où le silence crie,
et, sur l’autel, les vases de loterie dorés.

Nous ployons un genou et nous croisons les doigts,
en nous regardant, et pareils comme nos ailes.
Nous sommes la Religion qui s’en va,

mais reste aux cœurs meurtris des pauvresses humaines

DIEU

J’aime les hommes bons. Je plains l’homme mauvais.
J’aime les bonnes choses, les animaux et les plantes.
J’aime les révoltés, j’aime les résignés,
j’aime la Nuit, le Jour, le Soir et l’Aube blanche.

J’aime et ne demandez pas d’expliquer des choses.
Pourquoi voulez-vous que je vous les explique ?
— Car c’est moi qui vous ai donné une logique,