Page:Jammes - De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion


AVANT QUE NOUS RENTRIONS…


Avant que nous rentrions, nous nous promenâmes.
Il me semblait que nous tenions un bouquet d’âmes,
et nous disions des mots qui nous faisaient nous taire.
La nuit pure coulait dans l’eau du torrent vert
et, sur les pics, flottaient des nuées immobiles
pareilles aux nuées de quelque vieille bible.

Une bonté d’amour faisait pencher ta tête ;
je ne sais quoi de grave et de grand comme un poète
faisait nos cœurs pareils à de la vérité.
Nous hésitions longuement et lentement à rentrer,
sachant que nos bras nus devaient s’ouvrir ensemble,
sans une hypocrisie et sans timidité.

Plus douces que des orphelines qui ont chanté,
les âmes des étoiles blanches et tristes priaient.