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Voici dégringoler les noires petites rues,
voici le clocher blanc tout fleuri d’hirondelles
et le marchand de bibles et la tranquille allée
où l’on promène doucement au crépuscule.

Voici les doux enfants jouant à la marelle :
Marie-Louise, Aurélie et bien d’autres encore…
Ils sont plus innocents que la rosée des roses
qui pleurent sur la douce et usée margelle…

Ils chantent, se tenant les mains en un rondeau.
Ils chantent, doucement ineffables, ces mots :
« Au rondeau du Mayaud, au rondeau du Mayaud,
Ma grand’mère, ma grand’mère, ma grand’mère a fait un saut. »

Voici d’autres enfants portant des arrosoirs,
et la tranquillité des tombées tendres des soirs.
Voici le cliquetis des sabots d’écoliers
qui courent, comme des graines, au vent léger.

Voici, au-dessus des murs de lézards et de lierre,
de roses arbres plus doux que ma bien-aimée
n’est douce, mon aimée plus douce que les eaux,
plus douce que l’écorce légère des roseaux.