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travailleurs, faisons les déclarations suivantes, que nous soumettons à l’approbation des Sections qui nous ont délégués :

1° Nous continuerons avec le Conseil général nos rapports administratifs concernant le paiement des cotisations, la correspondance et la statistique du travail[1] ;

2° Les Fédérations représentées par nous établiront entre elles et toutes les branches de l’Internationale régulièrement constituées des rapports directs et continus[2] ;

3° Dans le cas où le Conseil général voudrait s’ingérer dans les affaires intérieures d’une Fédération, les Fédérations représentées par les soussignés s’engagent solidairement à maintenir leur autonomie tant que ces Fédérations n’entreront pas dans une voie directement contraire aux Statuts généraux de l’Internationale, approuvés au Congrès de Genève[3] ;

4° Nous engageons toutes les Fédérations et Sections à se préparer, d’ici au prochain Congrès général, au triomphe, dans le sein de l’Internationale, comme base de l’organisation du travail, des principes de l’autonomie fédérative ;

5° Nous répudions hautement tout rapport avec le soi-disant Conseil fédéraliste universel de Londres[4] ou toute autre organisation semblable étrangère à l’Internationale.

Alerini, Farga-Pellicer, Morago, Marselau, délégués de la Fédération d’Espagne ;

Brismée, Coenen, Fluse, Van den Abeele, Eberhardt, délégués belges ;

Schwitzguébel, Guillaume, délégués jurassiens ;

Dave, Gerhard, délégués de Hollande ;

Sauva, délégué d’Amérique.


Les membres de la majorité écoutèrent silencieusement cette lecture inattendue. Aucune observation ne fut faite. Et chacun ayant hâte d’en finir, le président fit procéder au vote par appel nominal sur les expulsions proposées par la Commission[5].

Sur les soixante-cinq délégués qui avaient été admis à siéger (West ayant été repoussé et Joukovsky ajourné), il n’en restait plus que quarante-trois présents au Congrès. Les vingt-deux délégués qui avaient déjà quitté la Haye étaient : Eccarius, Hales, Mottershead, Roach, Sexton, Harcourt, Eberhardt, Gerhard, Gilkens, Van den Hout, de la minorité ; Lessner, Maltman Barry, Arnaud, Cournet, Ranvier, Vaillant, Bernhard Becker, Dietzgen, Milke, Rittinghausen, Scheu, Schumacher, de la majorité[6].

  1. Par ce paragraphe, la minorité déclarait ne vouloir considérer le Conseil général que comme un simple bureau de correspondance el de statistique, et vouloir ignorer les pouvoirs qui lui avaient été conférés par le Congrès de Bâle et ceux qu’il s’était fait attribuer par la Conférence de Londres et par le Congrès de la Haye.
  2. En déclarant que les Fédérations représentées par eux établissaient entre elles « des rapports directs et continus », les délégués de la minorité montraient qu’à leurs yeux l’institution du Conseil général était superflue.
  3. Cet alinéa, en affirmant que les Statuts généraux de l’Internationale étaient ceux qui avaient été « approuvés au Congrès de Genève », déclarait par là-même nulles et non avenues, aux yeux de la minorité, les modifications aux Statuts faites par la Conférence de Londres et par le Congrès de la Haye. Et en même temps il constituait un véritable pacte de solidarité entre les Fédérations pour le maintien de leur autonomie.
  4. Ce « Conseil fédéraliste universel » était un groupement qui s’était constitué à Londres sur l’initiative de Vésinier, et qui s’était posé en antagoniste du Conseil général de l’Internationale.
  5. Le Bulletin n’a donné que les chiffres des oui, des non et des abstentions, d’après la Liberté (ces chiffres sont en partie erronés), sans indiquer les noms des votants. Je donne les appels nominaux au complet.
  6. Ainsi que le montrent les tableaux des appels nominaux des 4, 5 et 6 septembre. Rittinghausen paraît être parti dès le mercredi ; Dietzgen partit le jeudi ; Scheu le vendredi ; B. Becker, Milke et Schumacher le vendredi soir. Dans la brochure officielle Résolutions du Congrès général tenu à la Haye, on voit apparaître, dans deux scrutins de la journée du vendredi 6, le nom de Ludwig, qui ne figure pas dans la liste des délégués. Ce Ludwig, qui vote avec la majorité, était probablement un Allemand venu à la Haye comme spectateur, auquel Dietzgen ou quelque autre, peut-être, avait remis son mandat en partant. — Chose curieuse, que nous apprend la correspondance d’Engels avec Sorge : les deux frères Scheu, Andréas et Heinrich, étaient suspectés de « bakounisme » ; Engels écrivit à Sorge le 3 mai 1873 : « On retrouve quelque chose des grandes phrases de Bakounine dans les articles et les discours de Scheu [le rédacteur de la Gleichheit de Vienne] ; et tu te rappelles comme son frère s’est esquivé à la Haye quand est venu le moment de régler l’affaire Bakounine ».