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sentiments d’envoyer leurs mandataires à Neuchâtel, en Suisse, pour y tenir, le 2 septembre, un Congrès général anti-autoritaire, qui serait la véritable représentation de l’Internationale. Voici le texte de la résolution votée à ce sujet par la Conférence de Rimini :


Considérant que la Conférence de Londres (septembre 1871) a tenté d’imposer, par sa résolution IX, à toute l’Association internationale des travailleurs une doctrine spéciale, autoritaire, qui est proprement celle du parti communiste allemand… ;

Que le Conseil général a usé des moyens les plus indignes, comme la calomnie et la mystification, dans le seul but de réduire toute l’Association internationale à l’unité de sa doctrine spéciale communiste autoritaire ;

Que le Conseil général a comblé la mesure de ses indignités par sa Circulaire privée, datée de Londres, le 5 mars 1872, dans laquelle, poursuivant son œuvre de calomnie et de mystification, il révèle toute sa passion d’autorité… ;

Que la réaction du Conseil général a déterminé l’opposition révolutionnaire des Belges, des Français, des Espagnols, des Slaves, des Italiens et d’une partie des Suisses, et qu’on a proposé la suppression du Conseil général et la revision des Statuts généraux ;

Que le Conseil général, non sans avoir ses motifs, a convoqué le Congrès général à la Haye, point le plus éloigné de ces pays révolutionnaires ;

Par ces raisons.

La Conférence déclare solennellement, en présence des travailleurs du monde entier, que dès ce moment la Fédération italienne de l’Association internationale des travailleurs rompt toute solidarité avec le Conseil général de Londres, affirmant d’autant plus la solidarité économique avec tous les travailleurs, et propose à toutes les Sections qui ne partagent pas les principes autoritaires du Conseil général d’envoyer, le 2 septembre 1872 leurs délégués, non à la Haye, mais à Neuchâtel en Suisse, pour y ouvrir le Congrès général anti-autoritaire.


Les Jurassiens, qui, dans le mouvement de résistance au complot Marx-Engels-Lafargue-Outine, avaient toujours représenté la modération et conservé leur sang-froid, résistèrent à l’emballement des Italiens. Ils maintinrent l’avis, comme on le verra, qu’il fallait aller à la Haye, et représentèrent à leurs amis d’Italie que la proposition de la Conférence de Rimini, loin d’offrir les avantages que ses auteurs croyaient pouvoir en attendre, risquait de compromettre l’issue de la lutte.

La Conférence de Rimini tint à adresser à Bakounine un témoignage de sa reconnaissance pour l’œuvre de propagande révolutionnaire qu’il avait accomplie en Italie, et décida qu’une lettre lui serait écrite en son nom. La traduction de cette lettre a été imprimée dans notre Bulletin (n° 15-16, 15 août-1er septembre, p. 6) ; la voici :


Cher compagnon,

Les représentants des Sections italiennes de l’Internationale, réunis dans leur première Conférence à Rimini, nous ont chargés de vous transmettre, à vous l’infatigable champion de la Révolution sociale, un affectueux salut.