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XII


Les suites de la Conférence de Londres. — La proscription française à Genève ; la Révolution sociale. — Convocation du Congrès de Sonvillier. — Bakounine et l’Internationale en Italie.


Il me reste à parler de ce qui se passa dans notre région pendant les quelques semaines qui s’écoulèrent entre la Conférence de Londres et la convocation du Congrès de Sonvillier.

Si nous n’avions pas pu faire entendre notre voix devant la Conférence, nous étions bien résolus à faire la lumière, pleine et complète, devant l’Internationale tout entière. La décision de rédiger un Mémoire à cet effet fut prise dès le mois de septembre, comme le fera voir la lettre suivante[1], adressée par notre Comité fédéral, sous la signature de Schwitzguébel, aux membres de l’ex-Section de l’Alliance :


Sonvillier, 29 septembre 1871.

Aux membres de l’ancienne Section de l’Alliance, à Genève.

Compagnons, Nous avons été avisés officieusement de la dissolution de votre Section[2].

Après avoir, pendant bien longtemps, laissé ses ennemis la calomnier dans toute l’Europe, le moment nous paraît être venu d’entreprendre sa réhabilitation morale. Une Section à laquelle l’histoire devra rendre hommage ne peut pas ainsi, après s’être suicidée dans l’intérêt de la cause, rester en butte aux attaques injustes d’hommes que guident seules de misérables rancunes personnelles.

Voici ce qui nous paraît devoir être fait, non seulement pour l’Alliance, mais aussi pour l’explication de la scission qui s’est produite dans la Fédération romande. Un Mémoire doit être adressé à tous les centres internationaux, pour que tous les hommes ayant à cœur les intérêts de notre association puissent juger ce conflit avec connaissance de cause. Nous pensons que le compagnon James Guillaume est le plus autorisé, parmi nous, pour entreprendre la rédaction du Mémoire ; pour cela, il est nécessaire qu’il ait en mains tous les documents qui peuvent servir à l’histoire, à l’exposé des faits qui se rattachent à l’Alliance et à la scission.

Veuillez donc, compagnons, lui faire parvenir dans le plus bref délai les archives de l’Alliance, afin qu’il puisse se servir de tous les documents qui peuvent lui être utiles[3].

Vous comprendrez l’importance du travail dont veut bien se charger l’ami James Guillaume, et vous vous efforcerez de lui faciliter sa tâche délicate, en vous empressant de mettre à sa disposition tous les documents demandés, de même que tous les renseignements personnels que chacun de vous croira utiles à produire.


Il se passa un certain temps avant que le contenu exact des résolutions de la Conférence et leur texte nous fussent connus ; mais dès la fin de

  1. Reproduite par Nettlau, p. 559.
  2. On voit que le secrétaire de la Section de l’Alliance avait persisté jusqu’au bout dans ses habitudes de négligence.
  3. Inutile d’ajouter que personne, parmi les membres de l’ancienne Section de l’Alliance habitant Genève, ne m’envoya le moindre document ni le moindre renseignement. Je n’eus, pour m’aider dans le travail que j’allais entreprendre, que le « rapport » rédigé par Bakounine en juillet et août 1871, et, plus tard, le « Mémoire justificatif » que me fit parvenir Robin en 1872.