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« membres ». Cette disposition n'existe pas dans le texte officiel français des statuts, adopté au Congrès de Genève ; on l'y chercherait en vain. C'est le Conseil général qui s'est après coup, décerné à lui-même ce droit exorbitant, et qui l'a consacré par un faux. » J'avais complètement oublié, en écrivant ces lignes, le vote du Congrès de Lausanne dans sa séance du 6 septembre 1867, et j'avais suivi avec confiance Robin disant : « C'est par le même procédé que, chose infiniment plus grave, MM. Marx et Cie se sont donné le droit de s'adjoindre des membres complémentaires ».

Il faut donc effacer du Mémoire de la Fédération Jurassienne, comme renfermant des erreurs matérielles et des accusations imméritées, le contenu des pages 205-210. Nous n'avions pas entre les mains, à l'époque où le Mémoire fut écrit, les éléments nécessaires pour nous former un jugement critique complètement exact sur la question en litige. Nous savions seulement, de science certaine, que le texte français du préambule et des articles des Statuts généraux avait été voté au Congrès de Genève dans les termes que nous avions l'habitude de reproduire, et que par conséquent le Conseil général n'avait pas le droit de se servir de l'argument de la « traduction infidèle », et d'opposer à ce texte français, prétendu « défectueux sous bien des rapports », un texte anglais qui aurait été le seul authentique. En outre, nous avions suffisamment montré, en acceptant et en employant nous-mêmes, sans élever la moindre objection, en 1870 et en 1871, pour le troisième alinéa des considérants, la version du Conseil général et celle de l'édition parisienne de 1870, que nous n'attachions aucune importance à l'absence ou à la présence des mots « comme moyen » ou « comme un simple moyen », parce que nous ne nous doutions pas alors de la signification spéciale que Marx et ses fidèles attribuaient à ces mots ; et par conséquent il était à la fois souverainement injuste et souverainement ridicule de prétendre que nous avions, de propos délibéré, supprimé ces mots du texte original, afin de justifier par là ce que Marx appelle « la doctrine de l'abstention absolue en matière politique ».

Je me suis efforcé, au chapitre II de la Première Partie (tome Ier), d'élucider ce qui concerne la rédaction, l'adoption et la publication des Statuts généraux, en plaçant sous les yeux du lecteur tout ce que mes recherches ont pu me faire découvrir à ce sujet ; j'ai indiqué, ensuite, au fur et à mesure, les phases successives de la question ; et je crois qu'il ne peut plus subsister, à cette heure, aucune obscurité sur un sujet qui a suscité jadis tant de polémiques passionnées.


X. — Résolution générale relative aux pays où l'organisation régulière
de l'Internationale est entravée par les gouvernements.


Dans les pays où l’organisation régulière de l'Association internationale des travailleurs est momentanément devenue impraticable, par suite de l’intervention gouvernementale, l'Association et ses groupes locaux pourront se constituer sous diverses dénominations, mais toute constitution de Section internationale sous forme de société secrète est formellement interdite.


Cette résolution était sans doute uniquement destinée à donner le change aux gouvernements persécuteurs, car elle n'a pas empêché le Conseil général de chercher à organiser en France, en 1871 et 1872, des Sections de l'Internationale sous la forme de sociétés secrètes, et d’admettre au Congrès de la Haye, outre cinq de ses propres membres n'ayant d'autres titres que des mandats émanant de semblables groupes, six représentants plus ou moins authentiques de ces Sections clandestines, dont cinq cachés sous des noms d'emprunt.

D'autre part, le Conseil fédéral espagnol, en 1872, « pour pourvoir au cas où le gouvernement dissoudrait l'Internationale, proposa de former des groupes secrets de Défenseurs de l’Internationale » : il se mettait donc