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Dans l’impossibilité d’être représentés par une délégation, il eût été du moins utile que nous eussions adressé à la Conférence un mémoire sur la scission qui s’est produite dans la Fédération romande, à la suite du Congrès de la Chaux-de-Fonds. Nous avons été prévenus trop tard de la tenue de la Conférence pour que nous pussions élaborer ce travail. Nous devons donc renoncer à tous moyens de justifier notre Fédération des attaques qui, sans aucun doute, seront dirigées contre elle.

Cependant, comme il ne nous est pas permis de douter de l’esprit d’équité qui doit animer toute réunion de l’Internationale, nous ne voulons pas laisser passer cette circonstance solennelle sans faire un appel à la justice.

Depuis dix-huit mois nous sommes comme des parias au sein de l’Internationale, pour la simple raison qu’à un Congrès régional les Sections que nous représentons ont eu une opinion différente de celles professées par un autre groupe de Sections. Le Conseil général a pesé de tout son poids dans la balance, et, depuis lors, toute une contrée de la Suisse romande s’est vu priver de toute communication avec le Conseil général. Nous croyons savoir que la Conférence sera appelée à statuer sur ce conflit ; nous nous permettons de la rendre attentive à ce qui suit :

1° Ce serait contraire à l’équité la plus élémentaire que de se prononcer contre une Fédération à laquelle on n’a pas procuré les moyens de se défendre ;

2° Une décision annulant les droits de notre Fédération aurait les plus funestes résultats quant à l’existence de l’Internationale dans notre contrée ;

3° Un Congrès général, convoqué régulièrement, peut seul être compétent pour juger une affaire aussi grave que celle de la scission dans la Fédération romande.

Nous avons donné des preuves de notre dévouement sincère et actif à notre Association ; c’est parce que nous désirons continuer à lui consacrer toutes nos forces que nous élevons la voix, pour que ses mandataires ne commettent aucune injustice qui nécessairement lui nuirait.

Nous demandons donc que la Conférence décide simplement de charger le Conseil général d’ouvrir une enquête sérieuse sur le conflit survenu dans la Fédération romande. Cette enquête, faite avec impartialité, permettra au prochain Congrès général de juger, avec connaissance de cause, une affaire qui, si elle était jugée actuellement sans qu’une des parties fût entendue, aurait peut-être les plus fâcheux résultats.

C’est un acte d’équité que nous réclamons de la Conférence : nous avons la ferme conviction qu’elle ne nous le refusera pas. Nous émettons le vœu ardent que ses délibérations servent puissamment au progrès de l’Internationale.

Agréez. compagnons, notre salut fraternel.

Ainsi adopté en séance du 4 septembre 1871.

Au nom du Comité fédéral romand (siège fédéral : Val de Saint-Imier),

Le secrétaire correspondant :
Adhémar Schwitzguébel,
graveur, à Sonvillier (Jura bernois, Suisse).