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l’Alliance, après que lecture lui eut été donnée de la déclaration du Conseil général du 20 juillet 1871. Voici le texte de cette résolution :


En présence de cette déclaration catégorique qui met fin à toutes les infâmes intrigues, à toutes les calomnies lancées contre l’Alliance ;

Afin de les rendre impossibles à l’avenir ;

Afin de ne plus servir de prétexte de la désunion qui existe entre les Sections genevoises et celles des montagnes du Jura, — désunion qui est essentiellement basée sur la différence des conceptions des principes internationaux :

L’Alliance de la démocratie socialiste, Section de l’Association internationale des travailleurs, se déclare dissoute. Les membres de l’ex-Alliance ne renoncent pas au programme qu’ils ont accepté, ils ne pourront y renoncer jusqu’à ce qu’un autre programme plus socialiste et plus révolutionnaire soit formulé.


Mais la lettre au Comité fédéral de Saint-Imier ne fut jamais expédiée, et ce Comité, comme on le verra, n’apprit la dissolution de la Section de l’Alliance que par le bruit public.

En m’envoyant copie de la lettre destinée au Conseil général, Joukovsky y avait joint le projet, en trois pages, d’une lettre à la Conférence de Londres. Je reçus son envoi le 11, et je répondis[1] :


Neuchâtel, 11 août 1871.

Mon cher Jouk,

Je reçois à l’instant le projet de lettre à la Conférence de Londres. D’autre part, Charles [Perron] a dû te communiquer le Mémoire de Michel que je lui ai envoyé avant-hier. Lequel choisir ?

... Je vote pour ma part : 1° pour l’envoi au Conseil général de la déclaration de la dissolution de l’Alliance, telle qu’elle est contenue dans ta lettre ; 2° pour l’envoi à la Conférence du Mémoire de Michel, préférablement à cette apologie en trois feuillets que tu m’as envoyée. Nous avons le temps d’attendre que Michel ait fini son travail, puisque la Conférence a lieu le troisième dimanche de septembre. Cependant, il faut qu’il se dépêche. Écris-lui dans ce sens[2] : je lui ai ai déjà écrit hier.

... Ainsi, mon cher, je te prie de répondre à cette lettre et à celle d’hier courrier par courrier, afin que je sache si le Mémoire de Michel est goûté à Genève, et si vous voulez l’accepter...


C’est dans cette lettre du 11 août que se trouve le passage reproduit antérieurement (p. 12), relatif au malentendu à la suite duquel Joukovsky s’était figuré, en avril 1870, que quelques socialistes du Locle, dont j’étais, auraient fait partie de la Section de l’Alliance de Genève.

À quelques jours de là, Joukovsky m’annonçait que les anciens membres de la Section de l’Alliance, unis à un certain nombre de proscrits français, voulaient constituer à Genève une nouvelle Section de l’Internationale sous le nom de Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste[3]. Je répondis aussitôt par la lettre suivante[4] :

  1. D’après une copie donnée par Nettlau, p. 558.
  2. Le calendrier-journal de Bakounine ne mentionne aucune lettre reçue de Joukovsky ; ses correspondants à Genève sont, à cette époque, Ozerof, Lindegger, Pinier et Zaytsef.
  3. Cette Section se constitua le 6 septembre suivant : voir ci-après, p. 218.
  4. D’après une copie, incomplète, donnée par Nettlau, p. 559.