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James Guillaume m’envoie à l’instant le billet qu’il a reçu de Mme  Léo. Nous ne comprenons ni l’un ni l’autre le passage relatif à Lemaire ; je pense que cela concerne Perron ; je lui envoie le billet... Pour ce qui concerne les pass... s’adresser directement à James, à l’adresse convenue, ou à Perron, qui arrangeront.

Chères dames, recevez toutes les deux les amitiés fraternelles de votre dévoué

Adhémar Schwitzguébel, graveur.

Saluez aussi les amis présents à Paris.


L’ordre chronologique m’oblige à ouvrir ici une parenthèse relative à notre journal.

La Solidarité ne devait pas recommencer à paraître. Dans une nouvelle réunion des Sections montagnardes tenue à la Chaux-de-Fonds le 9 juillet, on s’était occupé des moyens de réunir les ressources nécessaires ; mais nos finances étaient absolument épuisées par les sacrifices de tout genre qu’il avait fallu s’imposer, en particulier en vue du sauvetage des proscrits et des secours aux réfugiés. La Section du Locle, désignée pour éditer et administrer le journal, ne voulut pas s’aventurer dans une entreprise incertaine, et déclara par une circulaire aux autres Sections (12 juillet) qu’elle ne recommencerait la publication de la Solidarité que lorsqu’une base financière solide aurait été préalablement établie.

Le 13 juillet, le nouveau Comité fédéral — composé d’Alfred Andrié, monteur de boîtes, Sylvain Clément, photographe[1], Ali Eberhardt, horloger, Arthur Hæmmerli, monteur de boîtes, Alfred Monnier, guillocheur, Georges Rossel, horloger, Adhémar Schwitzguébel, graveur — annonçait aux Sections son entrée en fonctions par une circulaire que signa Schwitzguébel comme secrétaire correspondant.

Une seconde circulaire du Comité fédéral, du 26 juillet, convoqua pour le 6 août une réunion des garants de la Solidarité : cette réunion, qui eut lieu à Saint-Imier, exprima son mécontentement de la façon imprudente dont Joukovsky avait engagé des dépenses qui n’avaient pas été prévues, et, à quelques exceptions près, les garants se refusèrent à couvrir un déficit dont ils n’acceptaient pas la responsabilité. Mais la Section du Locle insista, et — j’achève l’histoire de ces tentatives qui n’aboutirent pas — une nouvelle réunion de ceux des garants qui avaient fait un premier versement fut tenue aux Convers le 27 août ; au nom de cette réunion, Schwitzguébel écrivit à Joukovsky, le 3 septembre, pour réclamer une fois de plus les comptes de la Solidarité : il ne put pas les obtenir. Le projet de recommencer la publication du journal fut définitivement abandonné.

La Liberté, de Bruxelles, était devenue quotidienne au printemps de 1871, et le resta pendant quelque temps ; un certain nombre de membres de nos Sections s’y abonnèrent, et la Liberté, en échange des abonnements pris par nous, se déclara prête à publier les communications que nous pourrions lui envoyer ; jusqu’à l’automne de 1871, elle remplaça ainsi pour nous, plus ou moins, l’organe qui nous manquait.


Il me reste, pour achever ce que j’ai à dire à propos du sauvetage des proscrits de la Commune, à parler de l’arrivée à Neuchâtel de Mme  Champseix et de Malon, et du voyage à Paris de mon ami Gustave Jeanneret.

Le mardi 23 mai, au moment de l’occupation des Batignolles par les Versaillais, Malon (qui était maire du 17e arrondissement) avait été sauvé par mon ami F. Buisson et sa vaillante mère : celle-ci l’avait caché, au moment du péril pressant, chez le concierge d’une chapelle protestante ; on lui trouva ensuite une retraite plus sûre chez le statuaire Otin (l’auteur

  1. Clément avait fait, en mai 1871, une photographie de Bakounine, prise de face ; c’est un des plus connus parmi les portraits de ce révolutionnaire.