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Outine, Henri Perret, et autres ; Brosset, sans s’occuper de la présence de nos adversaires, n’avait pas hésité à se rendre ce jour-là au Temple-Unique, où son éloquence populaire souleva l’enthousiasme, comme autrefois. Une Adresse à la Commune, rédigée par Outine, fut adoptée ; et bien qu’elle portât exclusivement les signatures d’hommes qui nous étaienlt hostiles, Dupleix, Guétat, Becker, Outine, Henri Perret, etc., la Solidarité consacra une de ses colonnes à la reproduire in-extenso. Le numéro se terminait par un manifeste du Conseil fédéral espagnol repoussant les calomnies répandues sur l’Internationale en Europe ; le compte-rendu (extrait du Vengeur) de l’inauguration du Club de la Révolution sociale dans l’église Saint Michel, à Paris (Batignolles) ; enfin le récit de l’arrestation de Parraton à Tonnerre.

Après l’échec du mouvement du 30 avril, il semblait qu’il n’y eût plus rien à tenter à Lyon. Mais, tant que la Commune de Paris restait debout, on pouvait espérer encore, et un groupe de Lyonnais organisa un « Comité central républicain socialiste de la France méridionale », qui fit imprimer à Genève diverses proclamations, affichées, dans le courant de mai, à Lyon et dans plusieurs autres villes. Albert Richard faisait partie de ce Comité, et Oscar Testut a publié le texte d’une lettre, probablement saisie sur un émissaire, adressée le 12 mai par Richard et Gaspard Blanc à Charles Perron, à Genève. Richard écrivait :


Nous préparons un mouvement sérieux. Je crois pouvoir compter sur notre vieille amitié, et j’ai maintenant besoin plus que jamais d’y faire appel. Je te prie d’aider le jeune homme qui te remettra ce billet de tes conseils et de tes renseignements... Il s’agirait de trouver quelqu’un qui transporterait à Seyssel ou Annecy un ballot d’imprimés... Si tu ne nous aides pas, nous serons très embarrassés.


Blanc avait ajouté ce post-scriptum :


En outre de ce que vous demande Albert, je vous prie de vouloir bien revoir avec soin les épreuves des diverses impressions que nous faisons faire à Genève. Ce Cosaque de Jouk, qui les a corrigées l’autre fois, y a laissé des imperfections épatantes. Les Lyonnais sont des ganaches, mais ils sont très méticuleux pour ce qui est des choses de l’orthographe. Occupez-vous donc immédiatement de nos impressions. Poignée de main.


La propagande du Comité central de la France méridionale ne produisit aucun résultat. À partir de la fin de mai, Albert Richard et Gaspard Blanc disparurent de la scène, et nous n’entendîmes plus parler d’eux, jusqu’au commencement de l’année suivante.


L’impression de la brochure de Bakounine avait été terminée à l’Imprimerie coopérative de Genève, au milieu d’avril. La prière de substituer, au titre primitif, ce titre nouveau : L’Empire knouto-germanique et la Révolution sociale, était arrivée trop tard. Mais ce n’était là qu’un petit malheur. Ce qui consterna Bakounine, lorsqu’il eut en mains les feuilles imprimées, ce fut la quantité de fautes d’impression énormes que les correcteurs avaient laissé passer. C’est ainsi que Quinet avait été transformé en Guizot, lord Bloomfield en lord Bloompichi, Wartbourg en Werthory, les trois mots allemands in’s Blaue hinein en ce logogriphe : isis Blanchinein ; l’impératrice Catherine II, de lascive mémoire, était, par le compositeur, dite de bonne mémoire ; l’animalité bourgeoise rugissante était devenue : animalik bourgeoise vigilante, etc. Bakounine me demanda d’imprimer sur-le-champ un Errata, que, dans sa colère, il ne voulut pas faire faire à l’Imprimerie coopérative ; je tirai l’Errata qu’il m’envoyait ; et ensuite, le manuscrit de la livraison m’ayant été expédié de Genève, sur ma demande, pour que je pusse collationner l’imprimé avec l’original, je