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Le Comité fédéral, dont cinq membres étaient présents (Gorgé, Heng et Collier de la Chaux de-Fonds, T.-E. Ginnel et Paul Quartier, du Locle), présenta un rapport sur la situation, dont je reproduis l’extrait suivant d’après les procès-verbaux du Congrès :

« Le Comité fédéral adressa dès son entrée en fonctions une lettre au Conseil général de Londres, pour le mettre au courant des faits qui s’étaient passés au Congrès romand de la Chaux de-Fonds, en avril 1870, et en annonçant sa ferme résolution de marcher de l’avant suivant les résolutions des Congrès généraux. Le 6 juillet 1870, le Conseil général adressa une lettre au Comité fédéral, prétendant qu’il n’avait reçu de ce dernier aucune communication officielle[1], et disant que le Conseil général continuerait à considérer le Comité fédéral romand siégeant à Genève comme le seul légitime. Peu importe le titre de notre Comité fédéral, pourvu que les rapports d’égalité et de justice qui doivent unir les internationaux entre eux existent réellement. Mais différents événements allaient bientôt prouver comment les Genevois pratiquent la solidarité. Lors de la grève générale qui eut lieu cet été dans l’industrie du bâtiment à Genève, notre Fédération fit tout ce qui lui était possible pour venir en aide aux grévistes ; la somme de 298 fr. 55 fut envoyée directement par le Comité fédéral[2]. On aurait pu espérer que ce procédé nous vaudrait quelque bienveillance de la part des internationaux de Genève, mais il n’en fut rien. La guerre franco-prussienne éclata, et donna l’occasion aux hommes de l’Internationale de Genève d’afficher bien haut leurs sentiments étroitement nationaux. Bonaparte tomba et la République fut proclamée ; la rédaction de la Solidarité lança un Manifeste adressé aux internationaux. La conduite, que nous nous abstiendrons de qualifier ici, tenue à cette occasion par quelques membres de la Fédération genevoise, ne peut plus laisser de doute : pour que l’union renaisse dans la Fédération romande, il faut qu’un Congrès général juge et condamne la conduite de quelques individualités dirigeant différents comités. Lors de la révolution du 4 septembre, vingt à trente membres de notre Fédération se rendirent au Cercle appartenant à l’ancienne Section centrale[3] de la Chaux-de-Fonds, dans l’intention de faire la paix ; après les avoir reçus froidement, et avoir longtemps délibéré, on leur déclara qu’il était impossible de s’entendre. Voilà où en sont les choses. »

Le Congrès chargea la Section centrale du district de Courtelary de la vérification des comptes de la Solidarité[4]. Pour le déficit, il ne voulut pas le répartir entre les Sections au prorata du nombre de leurs membres, avec obligation pour chacun de payer sa quote-part, comme le proposait la Section de l’Alliance de Genève ; il préféra s’en rapporter « au dévouement librement manifesté ». Il était à craindre que la réapparition du journal, vu la situation défavorable, ne rencontrât pour le moment des difficultés insurmontables ; le Congrès adopta donc une résolution d’après laquelle, au cas où la réapparition de la Solidarité ne pourrais avoir lieu pour le moment, le Comité fédéral serait chargé de la publication de brchures de propagande et de bulletins, de manière à renseigner aussi souvent que possible les membres sur les événements socialistes ; les frais devaient être couverts au moyen de souscriptions volontaires.

La Section centrale de Neuchâtel présenta, par l’organe de son délégué Treyvaud, « la proposition de constituer entre nos Sections, qui formaient

  1. On a vu, pages 17 et 46, que la lettre du 7 avril 1870 de notre Comité fédéral avait été réellement reçue à Londres.
  2. Sans compter les sommes envoyées par les Sections.
  3. La Section coulleryste.
  4. Cette vérification fut faite par une commission composée de Charles Mégnin, Arthur Hæmerli et Adolphe Herter. Le rapport de la Commission, datée du 1er décembre, a été publié dans le premier numéro de la nouvelle série de la Solidarité (28 mars 1871)  : il constate que les comptes ont été trouvés justes, et rend hommage à l’administration du journal pour la bonne tenue de sa comptabilité.