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fiel et destinés, non à discuter honnêtement et calmement des questions de principe, mais à éreinter lâchement des personnalités ?

Qu’ils se souviennent des représentants de l’Internationale que le général Vogel de Falkenstein a fait conduire à la forteresse de Königsberg[1], les fers aux pieds et aux mains, les membres du Comité central d’Allemagne, coupables comme nous d’avoir publié un manifeste jugé séditieux par l’autorité. Ils ont peut-être applaudi à cette mesure, et ils seraient heureux de voir les signataires de la présente protestation condamnés pour ce fait à quelques mois de prison.

D’où peut venir un tel acharnement contre nous ? Quel est le motif secret qui a fait écrire par des membres de la Section centrale de la Chaux-de-Fonds la pièce publiée dans la Montagne ?

Hélas ! question personnelle que tout cela. Ces membres sont sous l’inspiration de MM. Coullery et Outine.

M. Coullery est furieux contre les hommes qui ont démasqué sa trahison politique et qui ont refusé de servir de marchepieds à son ambition.

M. Outine, de Genève, rédacteur de l’Égalité, est furieux contre des hommes qui détestent sa suffisance et ses intrigues anti-internationales.

MM. Coullery et Outine ne sont unis que par leur haine, car du reste ils professent des tendances diamétralement opposées.

Il suffit de lire la Montagne et l’Égalité pour se convaincre qu’il n’y a aucune communauté d’idées entre eux.

Pour M. Coullery, qui en est encore à confondre le communisme et le collectivisme[2], et dont l’idée socialiste n’a pas dépassé les sociétés coopératives, nous lui reconnaissons parfaitement le droit de rompre des lances en faveur des républiques actuelles et de la participation aux élections politiques. Disons-lui seulement que, si nous nous sommes prononcés en faveur de l’abstention politique, la faute en est un peu à lui et à son collègue M. Elzingre : en effet, si leur carrière législative avait produit quelque résultat en faveur de l’émancipation du travail, nous ne nous serions peut-être pas trouvés conduits à adopter cette tactique que nous vaut leur blâme.

Quant à M. Outine, nous sommes persuadés que sa protestation, signée Henri Perret, n’est pas l’expression [de l’opinion[3]] de l’Internationale à Genève.

Lorsque nous sommes entrés dans l’Internationale, nous avons simplement senti toute l’iniquité des institutions sociales actuelles, et nous n’avons cessé de prêter notre concours moral et matériel, tout minime fût-il, à l’œuvre entreprise par l’Association internationale, que nous avons comprise ainsi : la transformation complète des rapports sociaux entre les hommes et l’établissement de la justice. Nos études ont pu aboutir à d’autres conclusions que les vôtres, nous avons pu différer d’opinion sur les moyens d’action, mais, nous le jurons, nous avons toujours été sincères et avons la conscience d’avoir toujours rempli nos devoirs d’internationaux.

Si véritablement nos tendances sont en contradiction avec les

  1. Lire « Boyen » au lieu de Königsberg.
  2. Voir la note 1 de la p. 74.
  3. Mots omis par erreur dans le National suisse.