d’un Comité de surveillance et de défense nationale ; ce Comité, nommé le 1er octobre dans une réunion publique, essaya le lendemain de faire envahir l’hôtel de ville ; mais son appel aux armes demeura sans effet. Les initiateurs du mouvement furent arrêtés : quatre d’entre eux furent condamnés, le 27 octobre, par un conseil de guerre, à des peines variant de deux ans à huit jours d’emprisonnement ; mais ils furent graciés par la délégation de Tours. Paul Robin, à sa sortie de la prison de Beauvais (5 septembre), où avaient été transférés les condamnés du troisième procès de l’Internationale parisienne, était allé à Bruxelles chercher sa femme et ses enfants, qui s’y étaient réfugiés : il voulait les ramener à Paris. Mais, sur la dénonciation d’un policier français, il fut emprisonné pour avoir enfreint l’arrêté d’expulsion pris contre lui par le gouvernement belge l’année précédente, puis, après quelques jours de détention aux Petits-Carmes, conduit à la frontière. Paris étant déjà bloqué par les Prussiens, il s’était rendu à Brest, la ville où résidaient ses parents, où il se remit à faire de la propagande révolutionnaire : mais bientôt, forcé de quitter la France pour éviter un nouvel emprisonnement, il se réfugia à Londres avec sa famille. Là, il reçut l’accueil que devait lui valoir le zèle avec lequel il avait travaillé à l’organisation socialiste en Belgique, en Suisse, et à Paris, et, sur la présentation de Karl Marx lui-même, il devint membre du Conseil général de l’Internationale (octobre).
Par une circulaire en date du 23 septembre, le Comité fédéral romand
siégeant à la Chaux-de-Fonds convoqua nos Sections à un Congrès extraordinaire pour le dimanche 9 octobre, à Saint-Imier. Il s’agissait essentiellement d’aviser aux moyens de ressusciter la Solidarité. J’ai sous les yeux
le procès-verbal de l’assemblée générale de la Section de l’Alliance de
Genève, du samedi 1er octobre, assemblée dans laquelle cette Section désigna Joukovsky pour la représenter au Congrès ; on y lit : « Le citoyen
Joukovsky expose la situation économique de la Solidarité : une dette de
huit cents francs pèse sur le journal ; il faut que les Sections la paient. La
rédaction ayant donné sa démission, il faut en nommer une autre. Vu
l’impossibilité de publier le journal à Neuchâtel, il faut changer le lieu de
publication.» La Section décide que son délégué fera au Congrès la proposition suivante : « Constater le chiffre de la dette ; constater le nombre
des membres de la Fédération, et répartir le chiffre entre tous ». Puis on
discute la question du lieu de publication : « Plusieurs membres exposent
les difficultés qui se présenteraient au cas où le Congrès désignerait
Genève pour la publication de la Solidarité. Le délégué est chargé de les
exposer au Congrès. Quant à l’attitude que le journal devra prendre vis-à-vis des événements qui bouleversent l’Europe en ce moment, elle doit
être énergique ; après le Manifeste qui nous a compromis aux yeux des
bourgeois, nous devons nous tenir strictement aux principes révolutionnaires, nous devons les exposer sans crainte ni faiblesse. » — Les autres
Sections prirent des décisions analogues.
Avant le Congrès, et après entente avec les Sections, le Comité fédéral publia une protestation relative à l’accueil fait par les coullerystes et les hommes du Temple-Unique au Manifeste de la Solidarité. Comme nous n’avions plus d’organe à nous, le Comité fut obligé de se servir de la presse radicale, et envoya cette protestation au journal le National suisse de la Chaux-de-Fonds, qui l’inséra dans son numéro du 6 octobre. La voici :