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Le deuxième numéro n'est arrivé que par exception à quelques abonnés.

La Commission chargée de faire marcher le Socialiste va prendre d'autres dispositions pour continuer son œuvre[1]. Les abonnés ne seront pas frustrés ; en attendant, elle leur fait envoyer un journal ami, la Solidarité, qui les entretiendra de ce qui les intéresse.

La Commission provisoire de rédaction
et d'administration du Socialiste.


De leur côté, les internationaux arrêtés à Lyon avant le plébiscite avaient été assignés pour le 8 juin ; à l'audience, l'affaire fut remise au 15 ; le 15, elle fut renvoyée encore, parce qu'on voulait attendre l'issue du procès qui allait s'ouvrir à Paris.

Le Congrès qu'Aubry avait convoqué à Rouen pour le 15 mai avait été ajourné au 27 juin ; dans le courant de juin, le gouvernement en interdit la réunion.

Au procès de Paris (22 juin), les trente et un prévenus qui comparurent étaient en état de liberté (Flahaut, Avrial, Theisz, Héligon, Germain Casse, Dugaucquie, Rocher, Collot, Robin et Langevin ayant été relâchés), sauf Johannard, Malon, Murat et Pindy, qui étaient encore détenus ; le tribunal accorda à ces quatre inculpés la mise en liberté provisoire sous caution. Sept prévenus, dont Varlin, ne répondirent pas à l'appel de leurs noms. L'avocat impérial Aulois donna lecture d'un long document, qui prétendait faire l'histoire de l'Internationale ; puis l'affaire fut remise à huitaine. Les débats occupèrent ensuite les audiences des 29 et 30 juin, 1er et 2 juillet ; le jugement fut rendu le 5 juillet : sept prévenus, Varlin (absent), Malon, Murat, Johannard, Pindy, Combault et Héligon, déclarés coupables d'avoir fait partie d'une société secrète, furent condamnés à un an de prison ; vingt-sept prévenus, Avrial, Sabourdy (absent), Franquin, Passedouet (absent), Rocher (absent), Langevin, Pagnerre, Robin, Leblanc, Carle (absent), Allard, Theisz, Collot, Germain Casse, Chalain, Mangold, Ansel, Berlin, Boyer, Cirode, Delacour, Durand, Duval, Fournaise, Frankel, Giot (absent) et Malzieux, déclarés coupables d'avoir fait partie d'une société non autorisée, furent condamnés à deux mois de prison ; les quatre autres, Dugaucquie (absent), Flahaut, Landeck et Assi, furent renvoyés des fins de la plainte.

Les persécutions judiciaires n'abattirent pas le courage des internationaux de Paris. Au lendemain de la condamnation, les membres de la Commission de statistique nommée par le Conseil fédéral parisien, Paul Robin, Henri Bachruch, Mangold, E. Langevin et Charles Keller, adressaient aux Sections de Paris un questionnaire accompagné d'une circulaire où ils disaient : « Aujourd'hui, après la dissolution légale de l'internationale, nous continuerons cette œuvre en notre nom personnel jusqu'au moment où il redeviendra possible de rendre compte à ceux qui nous avaient nommés ». En même temps, par les soins de quelques hommes dévoués et actifs, paraissait dès le 15 juillet, en un volume de 250 pages, le compte rendu sténographique du Troisième procès de l'Internationale (Armand Le Chevalier, éditeur), avec une préface qui disait : « La grande union des prolétaires sortira plus puissante que jamais de cette série d'épreuves, parce que l'Internationale est l'expression d'une revendication sociale trop juste et trop conforme aux aspirations contemporaines du prolétariat pour pouvoir sombrer avant d'avoir réalisé son programme : Émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes ».

Dès qu'il eut appris le prononcé du jugement de Paris, Albert Richard

  1. Il ne fut pas possible à cette Commission de tenir sa promesse : les condamnations prononcées le 5 juillet, puis la guerre, l'en empêchèrent.