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déclaration du rapporteur : qu'il fallait « tâcher de réunir ces deux grands facteurs du mouvement international — celui de la propagande et celui de l'organisation — dans la réalisation pratique du système coopératif ».


VI. Attitude de l'Internationale vis-à-vis des gouvernements[1].

« 1. Nous combattons l'abstention politique comme étant funeste par ses conséquences pour notre cause commune.

2. Quand nous professons l'intervention politique et les candidatures ouvrières, il est bien entendu que nous ne croyons point que nous puissions arriver à notre émancipation par la voie de la représentation ouvrière dans les Conseils législatifs et exécutifs. Nous savons fort bien que les régimes actuels doivent nécessairement être supprimés ; nous voulons seulement nous servir de cette représentation comme d'un moyen d'agitation qui ne doit pas être négligé par la tactique que nous avons à suivre dans cette lutte.

3. L'intervention dans la politique étant pour nous un moyen d'agitation, il est évident que notre grand but tend à la transformation intégrale des rapports sociaux, et que, pour nous, toute agitation politique sans rapports directs aux questions sociales serait nulle et stérile ; que, par conséquent, toute agitation politique est subordonnée au mouvement socialiste et ne lui sert que de moyen...

4. Ceci admis, il est bien entendu que l'Internationale doit poursuivre énergiquement son organisation à elle, qui n'est que la forme préparatoire de l'avenir ... C'est dans ce sens que nous adhérons pleinement à l'idée de la Représentation du travail...

5. Nous ne croyons pas, vu la situation de l'Internationale, qu'elle doive intervenir comme corporation dans la politique actuelle... Mais nous croyons qu'individuellement chaque membre doit intervenir, autant que faire se peut, dans la politique en se conformant aux principes que nous venons d'exposer. »


Aussitôt constitué, notre Comité fédéral adressa au Conseil général à Londres, le 7 avril, une lettre, écrite et signée par Fritz Robert, pour lui annoncer ce qui s'était passé. Il expliqua comment, à la suite d'un vote régulier qui avait donné une majorité en faveur de l'admission de la Section de l'Alliance de Genève dans la Fédération romande, les délégués formant la minorité s'étaient retirés ; comment la majorité, après avoir vainement essayé d'obtenir de la minorité qu'elle continuât les délibérations en commun, s'était vue obligée d'achever sa tâche en l'absence de la minorité ; et comment l'ordre du jour du Congrès portant, comme 6e point, la détermination du lieu de résidence et la nomination du Comité fédéral pour l'année 1870-1871, et comme 7e point la détermination du lieu où se publierait le journal et la nomination du Conseil de rédaction, le Congrès avait placé le Comité fédéral à la Chaux-de-Fonds et le journal à Neuchâtel, en donnant à l'organe de la Fédération le nom de Solidarité, pour éviter des contestations avec les Sections de Genève qui paraissaient vouloir continuer dans cette ville la publication de l’Égalité. Le Comité fédéral, en terminant, exprimait l'espoir qu'une conciliation viendrait bientôt mettre un terme au conflit.

Le Conseil général ne répondit rien, et prétendit même plus tard n'avoir pas reçu la lettre de Fritz Robert[2] ; mais Hermann Jung, le correspondant

  1. Égalité du 16 avril 1870.
  2. Cependant Marx a dû reconnaître lui-même, en 1872, que cette lettre a été reçue (voir plus loin, p. 46, note 1).