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avait demandé son admission au Comité fédéral : celui-ci n’avait pas pu prendre de décision à cet égard, la demande d’admission étant arrivée trop tard[1].

La Section de l’Alliance de la démocratie socialiste avait été reconnue en juillet 1869 comme Section internationale par le Conseil général de Londres ; à la suite de cette résolution du Conseil général, elle avait demandé au Comité fédéral l’entrée dans la Fédération romande ; le Comité fédéral avait répondu que, sans refuser cette entrée, il croyait devoir l’ajourner indéfiniment.

Enfin, la Section de propagande de la Chaux-de-Fonds avait été repoussée par le Comité fédéral, qui se fondait, pour le faire, sur deux articles du règlement de cette Section.

Quelques membres du Congrès demandèrent que cette question fût vidée en premier lieu, disant qu’il était juste que, dans le cas où les trois sociétés seraient admises, leurs délégués pussent participer au Congrès dès le commencement.

Une discussion s’engagea à ce sujet immédiatement après la formation du bureau.

Le Congrès s’occupa d’abord des graveurs et guillocheurs du district de Courtelary. Leurs deux délégués furent admis à présenter des explications, à la suite desquelles le Congrès prononça à l’unanimité l’entrée de cette Section dans la Fédération romande, et l’admission de ses délégués comme membres du Congrès.

Ce fut ensuite le tour de l’Alliance de la démocratie socialiste de Genève. Ici, des dissidences éclatèrent. Le délégué Outine, de Genève, proposa d’ajourner la délibération à ce sujet ; le délégué Schwitzguébel, de Sonvillier, demanda au contraire qu’une résolution fût prise séance tenante.

La discussion sur ces propositions fut assez vive, et fit prévoir l’orage qui allait éclater quelques heures plus tard. Lorsque le moment fut venu de voter, dix-neuf délégués se prononcèrent pour la proposition d’Outine (ajournement de la décision) et dix-neuf pour la proposition de Schwitzguébel (décision immédiate). Le président Dupleix, de Genève, ayant à départager les voix, vota pour l’ajournement jusqu’après la lecture du rapport de gestion du Comité fédéral.


À deux heures après midi, le Congrès rentra en séance. Il entendit la lecture du rapport de gestion du Comité fédéral, qui fut lu par Henri Perret, de Genève, secrétaire de ce Comité. Après quoi, d’après la décision prise le matin, l’ordre du jour appelait le Congrès à se prononcer sur l’admission ou le rejet de l’Alliance de la démocratie socialiste de Genève.

La discussion commencée le matin recommença de plus belle, et elle prit bientôt une tournure déplorable. Outine, de Genève, rédacteur du journal russe la Cause du Peuple, prononça un réquisitoire contre le socialiste russe Bakounine, dont il se déclara l’ennemi irréconciliable ; il représenta les hommes qui s’étaient séparés du Congrès de

  1. Il y a ici une erreur de fait. La demande n’était pas arrivée trop tard ; l’adhésion, publiée dans l’Égalité, était du 20 mars ; seulement le président de la Section avait, comme il a été dit antérieurement (t. I. p. 286), oublié d’envoyer au Comité fédéral une copie du règlement, et le Comité avait profité de cet oubli pour ajourner sa décision, tandis que, s’il se fût agi d’un groupe à lui sympathique, il eût certainement procédé d’autre façon.