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plus précis. Une première résolution, présentée par Eccarius, est relative à la présidence. Elle est ainsi conçue :


I. — Considérant qu'il n'est pas digne d'une Société ouvrière de maintenir dans son sein un principe monarchique et autoritaire, en admettant des présidents, lors même que ceux-ci ne seraient investis d'aucun pouvoir, les distinctions purement honorifiques étant encore une atteinte aux principes démocratiques, le Congrès engage toutes les Sections et sociétés ouvrières affiliées à l'Internationale à abolir la présidence dans leur sein.


La résolution II dit que les « journaux contenant des attaques contre l'Association doivent être aussitôt envoyés au Conseil général par les Sections respectives » ; la résolution III, que « les adresses des bureaux et du Conseil général seront publiées tous les trois mois dans les journaux de l'Association ».

Voici celles de ces résolutions administratives qui réglèrent les rapports des Sections avec le Conseil général :


IV . — Chaque nouvelle Section ou société qui se forme et veut faire partie de l'Internationale doit annoncer immédiatement son adhésion au Conseil général.

V. — Le Conseil général a le droit d'admettre ou de refuser l'affiliation de toute nouvelle société ou groupe, sauf l'appel au prochain Congrès.

Toutefois, là ou il existe des groupes fédéraux, le Conseil général, avant d'accepter ou de refuser l'affiliation d'une nouvelle Section ou société, devra consulter le groupe, tout en conservant son droit de décision provisoire.

VI . — Le Conseil général a également le droit de suspendre, jusqu'au prochain Congrès, une Section de l'Internationale.

Tout groupe, de son côté, pourra refuser ou exclure de son sein une Section ou société, sans pouvoir toutefois la priver de son caractère d'internationalité ; mais il pourra en demander la suspension au Conseil général.

VII. — Lorsque des démêlés s'élèveront entre des sociétés ou branches d'un groupe national, ou entre des groupes de différentes nationalités, le Conseil général aura le droit de décider sur le différend, sauf appel au Congrès prochain, qui décidera définitivement.


Au sujet de ces résolutions administratives, qui investirent le Conseil général d'un pouvoir que ne lui avaient donné ni les Statuts généraux adoptés en 1866 par le Congrès général de Genève, ni le règlement qui accompagnait ces statuts, j'ai écrit en 1872 dans le Mémoire de la Fédération Jurassienne (p. 82) : « Nous étions tous animés de la plus complète bienveillance à l'égard des hommes de Londres. Et notre confiance fut si aveugle que nous contribuâmes plus que personne à faire voter ces fameuses résolutions administratives qui allaient donner au Conseil général une autorité dont il a fait un si fâcheux usage. Leçon profitable. et qui nous a ouvert les yeux sur les vrais principes de l'organisation fédérative. »

Le Vorbote de J.-Ph. Becker (année 1870, page 4) a publié un compte-rendu de la discussion qui eut lieu à ce propos, dans la seconde séance administrative du Congrès (mercredi matin 8 septembre). En voici la traduction :

« Eccarius propose, au nom du Conseil général, que celui-ci ait le droit d'exclure toute Section qui agirait contrairement à l'esprit de l'Internationale, sous réserve de l'approbation du Congrès. Robin demande que ce