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qu’il eût voté contre la propriété collective : il se contenta de prétendre, en équivoquant misérablement, qu’il « ne s’était jamais prononcé contre la propriété individuelle » ; qu’est-ce qu’une semblable explication pouvait bien signifier ?

Voici, d’après le procès-verbal du Congrès (p. 89), le résultat des appels nominaux qui furent faits dans la séance du vendredi après-midi sur les deux, résolutions proposées :


Première résolution : Le Congrès déclare que la société a le droit d’abolir la propriété individuelle du sol et de faire entrer le sol à la communauté.

Ont voté oui : Allemagne, Spier, Rittinghausen, Liebknecht, Hess, Janasch, Becker, Krüger, Scherer, Würger, Lessner, Gœgg ; Amérique, Cameron ; Angleterre, Cowell Stepney, Jung, Eccarius ; Autriche, Neumayer ; Belgique, Hins, Robin, Bastin, Brismée, De Paepe ; Espagne, Rafaël Farga-Pellicer, Sentiñon ; France, Varlin, Flahaut, Franquin, Dereure, Tartaret, Bakounine[1], Bourseau, Outhier, Albert Richard, Louis Palix, Gh. Monier, Foureau ; Italie, Caporusso ; Suisse allemande, Bürkly, Greulich, Frey, Bruhin, Leisinger, Starke, Collin, Quinch, Gutgerold ; Suisse française, Heng, Brosset, Jaillet, Fritz Robert, François Floquet, James Guillaume, Martinaud, Schwitzguébel, Gorgé : 54 ;

Ont voté non : France : Tolain, Pindy, Chemalé, Fruneau : 4[2] ;

Se sont abstenus : France, Landrin, Dosbourg, Durand, Roussel, Murat, Mollin, Langlois, Aubry, Creusot, Piéton ; Suisse allemande, Bohny ; Suisse française, Grosselin, H. Perret : 13 ;

Absents : Angleterre, Applegarth, Lucraft ; Autriche, Oberwinder ; Suisse allemande, Holeiber : 4.


Deuxième résolution : Il déclare encore qu’il y a aujourd’hui nécessité de faire entrer le sol à la propriété collective.

Ont voté oui : Les mêmes, sauf Flahaut (France) : 53 ;

Ont voté non : France, Tolain, Pindy, chemalé, Fruneau, Murat, Piéton, Langlois ; Suisse allemande, Bohny : 8 ;

Se sont abstenus : France, Landrin, Dosbourg, Durand, Roussel, Mollin, Creusot, Flahaut, Aubry ; Suisse française, Grosselin, H. Perret : 10 ;

Absents : Angleterre, Applegarth, Lucraft ; Autriche, Oberwinder ; Suisse allemande, Holeiber : 4.

Après ces deux appels nominaux, Caporusso, de Naples, présenta la proposition suivante : « Il est proposé que toute Section de l’Internationale prépare, pour le prochain Congrès, un travail sur le mode pratique d’amener la solution de la question de la propriété collective ». La proposition fut adoptée sans discussion.

Plusieurs membres demandèrent ensuite le vote sur les propositions de la majorité et de la minorité de la Commission relativement à l’organisation de la production agricole ; d’autres répondirent que le vote de la proposition de Caporusso empêchait tout vote ultérieur. Bakounine et

  1. Bakounine, on l’a vu, avait deux mandats, l’un des ovalistes de Lyon, l’autre des mécaniciens de Naples. Il est naturel de le ranger sous la rubrique France plutôt que sur la rubrique Italie, puisqu’il s’exprimait en français.
  2. Dans ma brochure Le collectivisme de l’Internationale (Société d’édition et de propagande socialiste. Chaux-de-Fonds, 1904), j’ai écrit, p. 8 : « Les quatre voix négatives étaient celles de trois proudhoniens de Paris, Tolain, Chemalé et Murat, et d’un négociant de Bâle, Bohny ». J’avais copié cette erreur dans le no 29 du Progrès, p. 4, où elle s’était introduite par suite d’un renseignement inexact à moi donné par Fritz Robert, l’un des secrétaires du Congrès. Il y a donc lieu de rectifier ce passage de la brochure, en y remplaçant les noms de Murat et de Bohny par ceux de Pindy et de Fruneau.