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soient en leur faveur. Les délégués se sont divisés sur cette question passablement abstraite du collectivisme et de la rente foncière ; mais aucun d'eux, aucun, ne veut le maintien de la propriété sous sa forme actuelle. Tolain. au nom de ses amis, a repoussé énergiquement l'épithète d’individualiste qu'on voulait leur appliquer ; leur doctrine est non l’individualisme, mais le mutuellisme ; ils veulent comme nous la destruction de tous les privilèges de la bourgeoisie. Que nos ennemis ne cherchent pas à dénaturer les choses, et à représenter comme des adversaires des hommes qui s'entendent sur le point essentiel ; et qu'ils sachent, une fois pour toutes, que le Congrès s'est prononcé avec une formidable unanimité sur la nécessité de la liquidation sociale par la révolution.

La seconde question du programme était celle de l’héritage. La Commission du Congrès concluait unanimement à l'abolition de l'héritage, et présentait des résolutions dans ce sens. Malheureusement un délégué anglais, Eccarius, au nom du Conseil général[1], présenta de son côté des résolutions analogues pour le fond, mais motivées d'une manière différente. Aussi, lors du vote, on ne put obtenir de majorité complète ni pour l'une ni pour l'autre des propositions, et on n'eut pas le temps de s'entendre sur une rédaction qui eût pu concilier les deux avis.

Le vote sur les résolutions de la Commission donna 32 oui, 23 non, 13 abstentions, et 7 absents. Les non et les abstentions représentent les voix des partisans de la propriété individuelle et celles des communistes par l'État, alliés pour rejeter les résolutions de la Commission ; les oui sont presque tous[2] les voix des collectivistes anarchistes.

Les résolutions du Conseil général[3] obtinrent 19 oui, 37 non, 6 abstentions, avec 13 absents. Cette fois les oui sont les communistes autoritaires ; les non et les abstentions sont les collectivistes anarchistes unis aux mutuellistes[4].

Sur la troisième question, caisses de résistance, le Congrès retrouva son unanimité. Des résolutions tendant à provoquer la formation de caisses locales de résistance, leur fédération par corps de métier, leur centralisation par le moyen du Conseil général, furent adoptées d'un commun accord. Divisée sur certaines questions théoriques, que l'expérience de l'avenir pourra seule résoudre définitivement, l'Internationale ne forme plus qu'un seul faisceau aussitôt qu'il s'agit de la lutte actuelle contre l'exploitation bourgeoise.

  1. Les mots « au nom du Conseil général » ne sont pas dans l'original : je les ajoute.
  2. J'ajoute également les mots « presque tous », qui ne sont pas dans l'original.
  3. L'original porte « Les résolutions d'Eccarius » ; j'ai rectifié, puisque les résolutions étaient présentées au nom du Conseil général : elles avaient été rédigées par Marx.
  4. L'original porte « individualistes ». Je substitue à ce terme inexact celui de « mutuellistes », puisqu'il est dit un peu plus haut, dans le texte de l'article, que Tolain avait repoussé, au nom de ses amis, l'épithète d' « individualistes » qu'on voulait leur appliquer.