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venir à Neuchâtel comme je l'espérais : il dit qu'il veut aller finir ses jours dans sa commune, à Saint-Sulpice, au fond du Val de Travers. C'est une résolution qui m'attriste, et un vrai crève-cœur pour moi de ne pas pouvoir offrir au père Meuron quelque occupation facile à Neuchâtel ; je voudrais pouvoir lui rendre une partie de ce qu'il a fait pour moi, lorsque j'étais au Locle si isolé et qu'il remplaçait pour moi ma famille.

XI


Le quatrième Congrès général de l'Internationale, à Bâle (6-12 septembre 1869). Résolutions du Congrès : propriété foncière, droit d'héritage, sociétés de résistance ; résolutions administratives. Incident Bakounine-Liebknecht ; incident Coullery. Varlin entre dans notre intimité.


Voici le compte-rendu qu'à mon retour du Congrès de Bâle je publiai dans le Progrès (n° 19, du 18 septembre) :


Le Congrès de Bâle[1]

Le peu d'espace dont nous disposons ne nous permet pas de donner un compte-rendu détaillé du quatrième Congrès de l'Association internationale des travailleurs, qui s'est tenu à Bâle du 6 au 12 septembre ; nous ne ferons que résumer ses tendances et ses principales résolutions.

Les points qui doivent tout d'abord être relevés comme les plus importants, comme les véritables caractéristiques du Congrès, sont les suivants : le refus du Congrès d'entrer en matière sur la question de la législation directe par le peuple, et par conséquent de s'occuper des réformes purement politiques, malgré les efforts faits pour l'entraîner sur ce terrain par MM. Rittinghausen, Gœgg, Liebknecht, etc.; l'imposante majorité qui s'est prononcée contre la propriété individuelle ; et le choix de Paris pour siège du prochain Congrès.

La question de la législation directe par le peuple ne figurait pas à l'ordre du jour du Congrès. Elle avait été soulevée par Charles Bürkly et la Section de Zurich. Les Zuricois, qui viennent d'introduire le referendum dans leur constitution, se figurent volontiers avoir trouvé là un moyen capable de résoudre toutes les questions sociales, et il était naturel qu'ils voulussent faire part à l'Internationale de cette belle découverte. Aux Zuricois se joignaient certains démocrates bourgeois, comme M. Gœgg, qui veulent à tout prix endormir le prolétariat et le détourner de la révolution, et qui seraient fort heureux de lui offrir la législation directe en manière d'amusette ; puis le nouveau parti socialiste allemand, dirigé par M. Liebknecht, qui vient de rompre avec la dictature de Schweitzer, et qui, pour mieux faire la guerre à Bismarck et affirmer ses tendances républicaines, veut préluder par l'agitation politique à la révolution sociale ; puis enfin un innocent maniaque, M. Ritting-

  1. Ce compte-rendu fut reproduit par plusieurs organes de l'Internationale, entre autres par l’Égalité de Genève et le Mirabeau de Verviers.