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gement, de réforme, de progrès. Ne sont-ils pas les législateurs infaillibles, les sages par excellence, les pères de la patrie ?

Ce sont ceux-là qui fêtent le 1er Mars. Ils se décernent des couronnes civiques, ils s’étourdissent de mots sonores et de discours creux, pour ne pas entendre les avertissements et les menaces du socialisme. Ouvriers, vous n’avez rien à faire avec ces gens-là. Laissez-les débiter leurs phrases ronflantes et sabler leur vin patriotique. Restez chez vous et travaillez.

Voudrait-on peut-être qu’à défaut de la régénération sociale qu’ils n’ont pas su accomplir, nous célébrions au moins, au 1er mars, le courage des républicains neuchâtelois ?

Mais s’il faut chercher dans l’histoire des exemples d’héroïsme à honorer, célébrons plutôt la mort des trois cents Spartiates aux Thermopyles, célébrons le peuple de Paris renversant la Bastille, célébrons les Russes brûlant Moscou.

Célébrons plutôt encore les dévouements ignorés des martyrs du travail, célébrons les sanglantes victimes de Juin, les défenseurs du droit, enchaînés dans les prisons de la bourgeoisie, les prolétaires affamés donnant la richesse au monde en échange d’un morceau de pain.

L’année n’aurait pas assez de jours s’il fallait en consacrer un à la mémoire de chacune des choses sublimes que nous admirons. Et nous n’accorderons pas de préférence aux républicains neuchâtelois, sous prétexte qu’ils sont plus rapprochés de nous. L’héroïsme des siècles les plus reculés et des pays les plus lointains nous est aussi cher que celui de nos propres frères.

Ouvriers, la république neuchâteloise n’a rien fait pour vous, vous ne lui devez rien.

En 1848, au lieu d’une révolution sociale, on vous a donné une révolution bourgeoise. La révolution bourgeoise ne vous regarde pas.

Laissez les hommes du passé se tourner vers le passé, et chercher à se consoler de leur décrépitude en se rappelant le temps où ils avaient du sang dans les veines.

Regardez devant vous, vers la splendide et glorieuse fête de l’avenir. Unissez-vous, travaillez et marchez, et, quand vous l’aurez voulu, vous pourrez donner au monde à célébrer un anniversaire immortel et nouveau : celui de l’émancipation définitive du travail et de l’avènement de la justice sur la terre !


La Philosophie du peuple.

Sous ce titre, le compagnon Michel Bakounine, membre de l’Association internationale des travailleurs, a donné dimanche 21 février, au Cercle international du Locle, une conférence dont nous voulons relever ici quelques points, en attendant que le texte complet puisse être livré à l’impression[1].

  1. Ce texte n’a pas été publié.