Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cause ouvrière en Italie, en France, en Espagne, aussi bien qu’à Genève, il le priait de faire, au nom du Bureau central de l’Alliance, au Conseil général de Londres la proposition suivante : L’Alliance se dissoudra comme organisation internationale ; son Bureau central, représentant de cette internationalité, cessera d’exister ; le Conseil général voudra-t-il reconnaître alors les Sections fondées par les membres de l’Alliance, en Suisse, en Espagne, en Italie et en France, avec le programme de l’Alliance, comme des Sections régulières de l’Internationale, ne conservant désormais d’autre lien commun que le programme, mais renonçant à toute autre solidarité et organisation internationales, que celles qu’elles trouveront dans la grande Association des travailleurs ? À ces conditions le Bureau central promettait de n’épargner aucun effort pour persuader les Sections de l’Alliance déjà établies dans différents pays de renoncer à tout ce qui dans leur constitution était contraire aux statuts de l’Internationale.

Et en effet, sans perdre de temps, le Bureau central écrivit dans ce sens à toutes les Sections de l’Alliance, en leur conseillant de reconnaître la justesse des résolutions du Conseil général.

Je remarquerai en passant que cette proposition du Bureau central rencontra la plus forte opposition dans le groupe genevois, et précisément parmi les membres qui nous combattent et nous calomnient avec tant d’acharnement aujourd’hui : Becker, Guétat, Duval, Henri Perret et bien d’autres encore, dont je me rappelle bien les figures, pas les noms. Becker fut le plus grand récalcitrant. Il déclara à maintes reprises différentes que seul le groupe de l’Alliance représentait la véritable Internationale à Genève, et que le Conseil général, en nous refusant, manquait à tous ses devoirs, outrepassait ses droits, et ne prouvait qu’une chose, son incurable stupidité. Après Becker, Guétat et Duval, qui ont toujours leur petit discours stéréotypé sur la révolution dans leur poche, furent les plus violents. M. Henri Perret se montra plus prudent, — mais il partagea leur avis. Enfin il fut décidé aussi par le groupe de Genève qu’on attendrait la réponse définitive du Conseil général.


Le Mémoire de la Fédération jurassienne ajoute (p. 52) des détails qu’il n’est pas inutile de reproduire :


Vers la même époque[1], le Bureau central reçut une lettre de De Paepe, au nom de quelques internationaux belges[2], lettre qui concluait, comme le Conseil général, à la dissolution de l’organisation internationale de l’Alliance. De son côté, Guillaume, invité à fonder au Locle une Section de l’Alliance, répondit que le programme de l’Alliance lui paraissait le programme même de la révolution, mais que la création d’une Section de l’Alliance au Locle était inutile, parce que cette Section ferait double emploi avec la Section de l’Internationale, dans laquelle la propagande en faveur du programme de l’Alliance pouvait être faite sans qu’il fût besoin d’une organisation spéciale.

La réponse du Conseil général, ainsi que les lettres de De Paepe

  1. L’époque où le refus du Conseil général parvint au Bureau central de l’Alliance.
  2. Cette lettre, écrite au nom du Conseil général des Sections belges, était évidemment une réponse à celle que Bakounine, dans sa lettre à Marx du 22 décembre, annonçait être occupé à écrire à De Paepe.