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avait pas connaissance. Son opinion était qu’on ne devait pas prolonger un conflit qui ne profitait qu’à la bourgeoisie, et qu’il fallait se tendre la main.

Complétant mon explication, je dis à Rossetti que tout d’abord il faudrait que le prochain Congrès général prononçât sur les questions soulevées à la Haye ; la Fédération jurassienne n’était pas seule engagée dans cette affaire, et le plus grand nombre des Fédérations de l’Internationale s’étaient déclarées solidaires avec elle.

Il fut donné connaissance à Rossetti des résolutions votées dans la séance du dimanche matin, au sujet du Congrès général et de la revision des statuts généraux, et il s’en déclara satisfait ; après quoi le Congrès vota à l’unanimité, comme conclusion de cette discussion, la résolution suivante :


Le Congrès jurassien remercie les Sections de Genève qui ont répondu à son appel de leurs manifestations sympathiques, et exprime le vœu de voir, dans un prochain avenir, tous les groupes internationaux de la Suisse s’unir sur le terrain de la solidarité économique, tout en conservant leur autonomie, et sans faire le sacrifice de leurs principes respectifs.


Avant de se séparer, le Congrès désigna les Sections du Locle comme devant être le siège du Comité fédéral pour 1873-1874.

Le dimanche après-midi avait eu lieu un grand meeting public, dont le Bulletin rend compte en ces termes :

« À deux heures, la vaste salle de la Grande-Brasserie était remplie d’une foule compacte… La présidence du meeting avait été confiée à Spichiger, du Locle. Les premiers orateurs parlèrent de la nécessité pour les ouvriers de s’organiser en sociétés, afin de défendre leurs salaires, et de fédérer ces sociétés entre elles pour en augmenter la puissance ; Heng, de la Chaux-de-Fonds ; Durozoi, de Neuchâtel ; Schwitzguébel, de Sonvillier ; Dargère, de Neuchâtel, parlèrent dans ce sens, aux applaudissements de l’auditoire. Le citoyen Beslay, membre de la Commune de Paris, fit l’historique et la définition du socialisme, et fut écouté avec une attention sympathique. Rossetti, délégué de Genève, parla des grèves genevoises et montra quels résultats les ouvriers pouvaient obtenir par l’organisation et la fédération ; son discours pittoresque et énergique fut vivement applaudi ; l’orateur le répéta en italien pour se faire comprendre des nombreux ouvriers italiens qui assistaient au meeting. Les citoyens Henri Wenker, menuisier, de Neuchâtel, Pindy et Lefrancais, membres de la Commune de Paris, vinrent à leur tour traiter la question du travail avec de nouveaux développements, et se firent également applaudir. Le citoyen Durand-Savoyat parla sur la statistique. Enfin Schwitzguébel, reprenant la parole, exposa les résultats pratiques déjà obtenus par la Fédération ouvrière du Val de Saint-Imier, et les offrit en exemple aux ouvriers de Neuchâtel… Le succès de cette grande réunion a dépassé toutes les espérances des organisateurs, et elle sera sans doute le point de départ d’un réveil sérieux du mouvement ouvrier à Neuchâtel. »

Les Sections du Locle désignèrent, dans les premiers jours de mai, le nouveau Comité fédéral, qui fut ainsi composé : Louis Pindy, secrétaire correspondant ; François Floquet, administrateur du Bulletin ; Adolphe Roos, secrétaire des séances ; Alexandre Châtelain, caissier ; Auguste Spichiger, archiviste. Aussitôt constitué, le Comité fédéral adressa (11 mai) à toutes les Fédérations de l’Internationale une circulaire pour leur communiquer la proposition de la Fédération jurassienne de réunir le Congrès général le 1er septembre 1873 dans une ville de Suisse.

Le numéro du Bulletin qui rend compte du Congrès de Neuchâtel annonce aussi l’apparition du Mémoire de la Fédération jurassienne, dont l’impression venait d’être achevée à l’imprimerie G. Guillaume fils (devenue, depuis le commencement de 1873, l’imprimerie L.-A. Borel). L’annonce est ainsi conçue :


Vient de paraître : Mémoire présenté par la Fédération jurassienne