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Ont voté pour (c’est-à-dire ont déclaré le pacte de solidarité impossible) : Rodriguez [Soriano], Guillaume, Costa, Martini, Rinke, Werner, Brousse, Montels, Gérombou, Fränkel, Greulich (11).

Se sont abstenus : Liebknecht, Maltman Barry, Brismée, Steens, Bazin, Bert (pseudonyme), Paulin (pseudonyme), Robin (pseudonyme), Zanardelli.

Mendoza [Morago], Hales et Levachof [Kropotkine] étaient absents.

Le second alinéa est conçu en ces termes :


Le Congrès émet le vœu que, dans le sein du parti socialiste de toutes nuances, on évite de retomber dans les attaques et les insinuations calomnieuses qui se sont malheureusement produites de part et d’autre ; et, tout en reconnaissant à chaque fraction le droit de critique raisonnée sur les autres fractions, il recommande aux socialistes le respect mutuel que se doivent des hommes ayant le sentiment de leur dignité et la conviction de leur sincérité réciproque.


Ce second alinéa est adopté à l’unanimité.

La séance de l’après-midi est ensuite levée.


Le jeudi soir, un certain nombre de délégués s’assemblèrent en une réunion privée, et décidèrent, puisque le pacte de solidarité entre la totalité des organisations représentées au Congrès avait été reconnu impossible, de conclure entre quelques-unes de ces organisations un pacte spécial. La réunion dont nous parlons se composait des délégués flamands, allemands et anglais, plus deux ou trois autres ; aucun des délégués de l’Internationale (Congrès de Verviers) n’y assistait. Une résolution fut prise, portant que les organisations dont ces délégués étaient les représentants s’engageaient à s’assister moralement et matériellement dans toutes leurs entreprises, et qu’un bureau fédéral serait établi à Gand pour servir de lien entre elles.

Ainsi s’est trouvé constitué, en face de l’Association internationale des travailleurs, un groupement nouveau, qui n’est pas une association, car ce groupement n’a pas de statuts, mais qui constitue néanmoins à l’état de parti spécial les diverses organisations dont le programme est analogue à celui des socialistes d’Allemagne.


Le vendredi matin, la discussion de la deuxième question, la politique, fut reprise. Werner, qui n’avait pu obtenir la parole la veille, fit un excellent discours (en allemand), rempli de faits, dans lequel il analysa le programme, la tactique et l’organisation intérieure du Parti démocrate socialiste d’Allemagne ; il expliqua les motifs qui ont porté un certain nombre d’ouvriers allemands à se détacher de ce parti pour tendre la main à l’Internationale fédéraliste et révolutionnaire. Ce discours de Werner, écouté avec beaucoup d’attention par tous les membres du Congrès, parut faire une grande impression, et ni Greulich, ni Fränkel (Liebknecht était parti) n’essayèrent de répondre.

Quatre propositions furent déposées relativement à la deuxième question ; et, la discussion s’étant terminée vers onze heures, ces propositions purent être mises aux voix dans la même séance.

La première résolution, qui avait été présentée par Zanardelli, était un bizarre salmigondis, parlant de « propagande dans les tribunaux et dans les parlements jusqu’à la barricade », et de la préférence à donner « à l’insurrection à l’état mûr comme plus prompt, efficace et résolutif ». Cet amphigouri inintelligible obtint trois voix, celles de son auteur, de Paulin (pseudonyme) et de De Paepe.

En second lieu vint une proposition de la délégation espagnole : celle-ci, liée par son mandat impératif, se trouvait obligée de présenter au Congrès le texte de la résolution dont elle était porteur, avant de pouvoir se rallier au texte de la proposition rédigée d’un commun accord par les autres délégués venant du Congrès de Verviers. À la suite d’assez longs considérants, la résolution